L'histoire :
Stanislas est déposé en hélico sur le pont d'un cargo en pleine mer, il doit en assurer le convoyage, mais ne voit personne l'accueillir à son arrivée. Il est pilote expérimenté. Un marin finit par s'approcher de lui pour l'emmener vers la cabine de la capitaine Blandin. L'équipage est essentiellement composé de philippins, avec un seul marin indien – Rahul, qui a accueilli le nouvel arrivant – qui fait tout pour se faire bien voir et cherche la promotion. Blandin explique à Stanislas sa mission : elle a dû prendre les commandes en lieu et place du commandant, alcoolique et relégué aux cuisines. Ils sont en train de quitter la Manche et vont faire route vers le cap de Bonne Espérance, avec probablement une escale à Dakar pour recruter quelques hommes d'équipage. Elle a besoin d'un bras droit pour pouvoir elle-même se reposer un peu. Ils vont tous les deux apprendre à se connaître. Les difficultés qui les attendent sont nombreuses, avec des marins qui ont renoncé à embarquer en voyant qu'ils seraient dirigés par une femme, des compagnies sans scrupules qui servent d'intermédiaires pour trouver des hommes prêts à venir travailler à bord, et une difficulté évidente à faire régner un semblant d'autorité au sein d'un équipage cosmopolite qui ne se connait pas.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est la deuxième collaboration entre Costès et Clément Belin, après Fortune de mer en 2018 qui, déjà, nous faisait découvrir des aspects cachés de la vie à bord d'un bateau. On change de dimension avec ce cargo qui transporte des marchandises aux quatre coins du monde, un peu au gré des ordres reçus de la compagnie, mettant les marins dans une situation de dépendance et d'incertitude. Le scénariste a choisi d'intégrer un personnage féminin à la fois autoritaire et séducteur. La rencontre avec le pilote Stanislas devient le second axe narratif de l'aventure. La dimension humaine et intime va contraster avec la violence de la vie à bord, l'esprit de semi rébellion permanente, les comportements irrespectueux. On apprend au fil de l'album d'où viennent les personnages principaux, comment ils sont entrés dans l'aventure quelques jours plus tôt. Costès a recours aux flashbacks, une technique narrative très fréquente qui permet de mettre l'accent sur le moment présent, et ne demande pas un suspense particulier. Les dialogues sont rapides, jonglant avec le second degré et le détachement, qui parfois nous font prendre une distance involontaire avec le sujet de fond qui ballotte les hommes au gré des besoins du commerce mondial, dans ce qui apparait parfois comme un semi-esclavage moderne. Mais le sujet est une nouvelle fois très intéressant, rare dans la bande-dessinée, avec une dimension sociale de toute évidence basée sur une expérience vécue.
