L'histoire :
Le monde de Flatland est, comme son nom l’indique, entièrement plat. Il n’existe qu’en deux dimensions et ses habitants sont des figures géométriques. La société est strictement hiérarchisée, les cercles sont prêtres et dirigeants, les polygones réguliers à nombreux côtés forment la noblesse, les carrés sont professeurs et chercheurs, les triangles constituent le peuple des travailleurs et des soldats, tandis qu’au plus bas de l’échelle se trouvent les lignes, les femmes. La seule possibilité pour un habitant (masculin) de gravir cette échelle sociale réside dans sa descendance. En effet, le nombre de côtés d’un polygone augmente au fil des générations. C’est Mr Square, un carré mathématicien, qui nous guide dans ce monde où l’apparence détermine la position sociale. À la veille du troisième millénaire, il reçoit une étrange vision. Un univers à une seule dimension, réduit à une ligne où les habitants ne peuvent qu’avancer et reculer, sans jamais dépasser la personne devant eux, prisonniers de leur perspective. Peu après, alors que le changement d’ère approche, un mystérieux visiteur surgit. Il se présente comme étant une sphère, venu d’un monde en trois dimensions. Une idée totalement inconcevable pour Mr Square.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adapté du roman d’Edwin Abbott, Flatland se présente autant comme un traité de géométrie que comme une critique sociale. Le texte a été modernisé pour en faciliter la lecture, mais reste fidèle à l’esprit d’origine. On y découvre les idées de Mr Square et la société hiérarchisée de Flatland, reflet caricatural et amplifié de la société victorienne, mais dont certains échos résonnent encore aujourd’hui. La bande dessinée se construit principalement autour d’un long monologue de Mr Square, ou plutôt d’un dialogue imaginaire avec un interlocuteur invisible. La première partie, consacrée à la présentation détaillée du monde plat et de ses règles sociales, s’étire un peu trop, au risque de lasser le lecteur. La seconde moitié, en revanche, s’avère plus stimulante. L’apparition de nouvelles dimensions ouvre des perspectives vertigineuses et invite à une réflexion sur l’infini. Graphiquement, le choix de rester dans des dessins volontairement plats et presque dépourvus de couleurs sert le propos, mais rend la lecture monotone. Le bleu terne et le gris dominent, même si quelques touches de couleur apparaissant tardivement, sans vraiment suffire à dynamiser l’ensemble. Cette austérité visuelle, alliée à la densité du texte, risquent de décourager plus d’un lecteur.
