L'histoire :
Un chérubin fait son rapport à Dieu : une gamine de Donrémy, Jeanne, a entendu les paroles de Dieu et accepte sa destinée de libérer le royaume de France de ses envahisseurs. Heu… Dieu dément formellement : il ne parle plus à personne, car quand il dit des trucs, personne ne comprend précisément sa volonté et ça part en sucette à chaque coup. Il n’a rien dit du tout à Jeanne, elle a du faire un rêve un peu trop réaliste. Bref, ça sent le bon gros bordel en perspective, il va encore falloir qu’il tente de limiter les pots cassés. Dans le même temps, lors d’un repas de famille, Jeanne annonce sa mission à sa famille. Ses parents et ses frangins sont un peu dubitatifs. Comment peut-elle affirmer que cette demande venait bien de Dieu et pas de… d’un mouton, par exemple ! La nuit suivante, Dieu apparait dans un rêve de Jeanne pour lui dire qu’il y a eu un malentendu au sujet de cette histoire de libération du royaume de France… mais comme c’est un rêve, Jeanne n’y crois pas trop. En confession, un prêtre lui demande si elle est sûre que c’est une bien volonté divine. Non, parce que des fois, il entend des voix, et en fait, avec l’écho qu’il y a dans les églises, c’est Martine, la femme de ménage, qui lui parle. Jeanne dit qu’elle est quasi sûre. Et comme Martine affirme qu’elle n’a jamais demandé à Jeanne de libérer le royaume de France de ses envahisseurs, c’est que ça doit être vrai.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir parodié Jules César (dans Salade César), Napoléon (dans Waterlose) et Ulysse (dans Troie zéro), le dialoguiste Karibou et l’illustrateur Josselin Duparcmeur s’attaquent à un autre mythe guerrier : Jeanne d’Arc. Au passage, le titre de ce nouveau recueil gaguesque est somptueux, sans doute le plus couillonnement sublime de l’année. A l’intérieur, on suit les différents « moments » de la saga de Jeanne d’Arc dans l’ordre chronologique. De l’annonciation divine, à l’adoubement par Charles VII à Chinon, puis la libération d’Orléans, le compagnonnage de Gilles de Rais (du cul !), la campagne en Bourgogne et en Champagne pour bouter l’anglais hors du royaume, l’arrestation à Compiègne et le bûcher à Rouen. Evidemment, on assiste rarement à ces étapes, mais on délire surtout autour de la relation de Jeanne avec Dieu, personnifié en vieux compagnon barbu et dépassé par les évènements qui échappent à sa volonté. Les dialogues complètement foutraques s’appuient sur de nombreux running-gags – la marque de fabrique de Karibou. Le verbe est jouissivement anachronique, tantôt moyennement inspiré, tantôt un peu rigolo, et il ridiculise surtout le mythe dans les grandes largeurs. Au dessin, semi-réaliste et complété par un léger aplat de bichromie vert, Duparcmeur utilise beaucoup le processus de la même case dupliquée, partiellement ou totalement.
