L'histoire :
Deux éminents scientifiques discutent pour tenter de définir l’infini. Car précisément et étymologiquement ce qui n’est « pas fini » peut difficilement être « dé-fini ». De fait, lorsqu’on essaie de parler de l’infini, on est toujours hors sujet. On croit s’en approcher, on croit en apercevoir les limites… mais puisque l’infini n’a justement pas de limites, c’est un leurre ou une imposture intellectuelle. Or pour autant, l’infini, ce n’est pas le néant. Qu’il soit infiniment grand ou infiniment petit, il y a toujours in fine quelque chose. Et ce quelque chose n’est ni rien, ni tout. Il tend vers. Il défie la logique et les approches cartésiennes. L’infiniment grand a beau quasiment tout occuper, il peut toujours grossir ; il en va de même, réciproquement, de l’infiniment petit, qui peut toujours rétrécir. Et si… ces deux infinis se rejoignaient pour ne former finalement qu’un seul concept !? Méga et micro réunis, l’infinitude moyenne, en somme. Les deux penseurs évoquent ces idées en évoluant dans des décors variables : le cosmos, qui se transforme en bibliothèque démesurée, dont les livres se muent en une multitude de portes… ouvrant sur une infinité de mondes infinis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois encore, poussé par les bons augures de la création oubapienne (l’équivalent BD de l’oulipo), Marc-Antoine Mathieu propose une BD hors norme, qui repousse dans ses ultimes retranchements les canons et les codes du 9ème art. Ouvrez donc cette… boîte au format BD. Et découvrez, incrusté à l’intérieur, un minuscule livre, de 2,8 x 3,7 cm. Ce mini bouquin contient effectivement une BD de 83 planches, avec donc des minis-minis cases, des minis-minis personnages et des minis-minis phylactères. Une vraie loupe est fournie dans la boîte pour vous permettre de lire l’ouvrage format Schtroumpfs. Or c’est dessiné et écrit tellement petit, que la loupe est à peine suffisante… et surtout c’est maxi pénible à lire. Un véritable calvaire. Il faudrait presque un microscope (et ce serait alors encore plus galère à lire…). En professionnels, nous avons tout de même fait l’effort d’aller au fond des choses et de décrypter en entier cette BD. Et c’est… une déception. Deux « savants » dialoguent sur le concept d’infini dans des décors changeants au gré des variations permises par les zooms et les dézooms, selon le même type de transitions conceptuelles que sur 3 secondes. Et leurs échanges micro-décryptés se rapprochent plus de délires sémantiques à la Raymond Devos que de réels concepts métaphysiques façon Stephen Hawking. En somme, on s’est royalement mis la rate au court-bouillon pour lire du remplissage fumeux au sujet des infinis. Mais y avait-il seulement quelque chose à apprendre ?