L'histoire :
Monsieur de Saint Sauveur a un pari à gagner, qu'il ne compte pas abandonner malgré les contrariétés : il a promis au comte de Mirepoix de pousser la jeune Aimée d'Archambaud dans les bras d'un Iroquois. Il apprend malheureusement qu'Adario ne fait pas du tout partie de ce peuple indien, il faut donc trouver un autre indien et faire en sorte que la jeune femme en tombe amoureuse. Dans le fort que les troupes françaises ont érigé à l'Est du territoire américain pour empêcher les anglais de progresser davantage, une soldat nommé Girac admire la beauté de la jeune Aimée, mais ses sentiments ne sont pas payés en retour. Saint Sauveur vient de son côté d'apprendre qu'un rituel guerrier Iroquois permet à celui qui l'accomplit avec succès de devenir l'un des leurs, quelle que soit son origine. Il y a donc une autre possibilité pour lui de gagner son pari et d'éponger ses dettes. Mais lors d'un contact entre anglais et français, chacune accompagne des troupes indiennes associées à l'un ou l'autre camp. Adario emporte avec lui Aimée. Une poursuite en canoé débute sur les eaux agitées d'une rivière. Adario est blessé d'un coup de feu, mais les français sont finalement faits prisonniers par les Iroquois. Malgré ses mains attachées dans le dos et la marche forcée, Saint Sauveur a le sourire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'aventure se poursuit de manière de plus en plus incroyable. Saint Sauveur s'acharne à vouloir gagner son pari impossible et va aller très loin pour cela. Le processus narratif est le même : chaque nouvelle scène est introduite par les réflexions d'un des protagonistes à travers une lettre qu'il envoie. On passe ainsi des pensées d'une jeune femme à celles d'un officier anglais, sans oublier de revenir régulièrement à notre personnage central. Le destinataire des lettres n'a finalement plus beaucoup d'importance. Elles agissent surtout comme des voix off qui multiplient les points de vue, ajoutant une vraie subtilité aux évènements. L'action va se déplacer au cœur d'un village indien, où Saint Sauveur va continuer de penser qu'il peut orienter le cours des choses en sa faveur. Les retournements se succèdent jusqu'à la toute fin de l'album, avec une densité qui n'aura cessé de monter depuis les premiers échanges feutrés dans les châteaux élégants et les campagnes françaises. Les deux auteurs se complètent parfaitement. Richard Guérineau semble totalement épanoui dans le huis clos d'une hutte comme dans des scènes de bataille en forêt. Le triptyque se termine en laissant toutes les possibilités pour une prochaine aventure littéraire et historique. On a vu comment l'action a pu ici progressivement prendre le dessus, sans laisser de côté la finesse des dialogues et l'intérêt des courriers échangés.
