L'histoire :
En 1867, Camille et Adelaïde partent de leur campagne, en direction de la grande ville pour trouver du travail et la promesse d’une vie meilleure. Sous recommandation, elles entrent dans la filature Bonnardel à Lyon. Elles seront payées 1,40 franc la journée pour 12h travaillées. Elles peuvent se loger au dortoir en échange d’un loyer retenu directement sur leurs payes. Elles font la connaissance des autres ovalistes (ouvrières chargées de mettre en écheveaux la soie) : Ophélie, Marie, Florine, puis bien d’autres. Camille est épuisée et s’évanouit à plusieurs reprises. Quant à Adélaïde, elle attrape rapidement la tuberculose et décède comme beaucoup d’autres. Elles sont fatiguées, mal nourries et respirent des produits chimiques en continu, sans protection. De plus, le patron offre le droit de cuissage à ses contremaîtres : elles se font violer régulièrement et ne peuvent pas protester sous peine de renvoi. En mai 1869, les élections législatives redonnent de l’espoir, le docteur Raspail promet des avancées sociales. Malheureusement, son élection en tant que député du Rhône ne change rien, la misère demeure. Après le viol de Fernandette par l’un des contremaîtres, c’en est trop, les filles se réunissent. Elles protestent et souhaitent une réduction du temps de travail ainsi qu’un meilleur salaire. En parallèle, Tonin et Lison, le petit frère et la petite sœur de Camille, se font virer de leur maison suite au décès de leur père. Ils parcourent la campagne et font la connaissance d’un colporteur, Lafleur, qui les conduit jusqu’à Lyon. Les ouvrières s’organisent et leurs idées se répandent dans les autres filatures. Elles se rassemblent et votent une grève générale jusqu’à l’obtention de leurs revendications. La répression est terrible, les meneuses sont jetées en prison, les patrons ferment les dortoirs, elles se retrouvent à la rue sans rien. L’AIT (association internationale des travailleurs) apporte son soutien et organise une caisse de grève. Les hommes se joignent aux mouvements. Parviendront-elles à obtenir ce qu’elles souhaitent ou se feront-elles voler la vedette par les hommes une fois de plus ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d’être reconnu dans le monde de la BD, Bruno Loth travaillait dans la publicité. Il a commencé son aventure en auto-publiant sa série Ermo, le récit de vie d’un jeune circassien pendant la guerre civile espagnole. Maintenant, c’est un grand habitué des récits historiques. Il s’inspire souvent de l’histoire d’un des membres de sa famille pour l’inscrire dans la grande Histoire. Auteur complet, il dessine et scénarise ses albums. Son trait nous interpelle, à la fois détaillé et griffonné ; il oscille entre esquisse et revue de presse. Ses personnages ont une apparence classique, mais le tout est en harmonie avec l’époque. Il réussit brillamment à contextualiser son action à la fois dans les décors, les paysages, mais aussi au travers des costumes et du langage. Il apporte aussi des détails historiques en insérant des pages de journaux de l’époque ainsi que des grands noms de références. Grâce à la bande dessinée, il réussit à mettre en lumière une autre grève d’ouvrières, une des mobilisations qui a fait l’histoire et qui a permis progressivement d’acquérir des droits sociaux. Une bande dessinée qu’il serait bon de mettre dans le programme scolaire.