L'histoire :
Alors qu’il se promène dans la rue, Sébastien est soudainement frappé par une douleur aiguë au genou, qui le replonge dans le souvenir d’une agression passée, jamais prise au sérieux. Aux urgences, on lui diagnostique une fracture du ménisque, bien qu’aucune chute n’ait eu lieu. Sa mère, chercheuse en immunologie, doute du diagnostic et obtient un IRM en urgence, qui lui évite une opération. Peu après, Sébastien commence à avoir des hallucinations au réveil. Il rencontre une jeune femme qui lui fait oublier sa fiancée, Natsuki, restée au Japon. Les douleurs s’intensifient et gagnent les deux jambes. Il limite ses déplacements au strict minimum. Une fois au Japon, la cohabitation avec Natsuki et leurs proches complique leur intimité. Ses douleurs empirent. Il commence à douter : et si son corps exprimait un malaise profond ? Il tente de relancer sa carrière dans l’animation et décroche un entretien à Tokyo. Mais après avoir revu une amie française, il réalise qu’il ne veut pas épouser Natsuki. Il la quitte et rentre en France, espérant trouver un diagnostic. En vain. Il explore alors des méthodes alternatives : hypnose, méditation, rebouteuse, chi-kung… Il s’engage sur un chemin intérieur pour apprendre à vivre avec la douleur et tenter de la comprendre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sébastien Pons livre ici une œuvre autobiographique, dans laquelle il revient sur une période particulièrement marquante de sa vie. Il évoque une douleur chronique, inexpliquée, qui le submerge sans que ni lui ni les médecins ne puissent en comprendre l’origine. Le récit s’ouvre sur l’irruption brutale de cette souffrance et se referme sur elle, dans une boucle narrative où la douleur est à la fois le point de départ et le point d’arrivée. Dans un premier temps, l’auteur décrit son parcours médical au sein de la médecine conventionnelle, avant de s’ouvrir progressivement aux approches alternatives. Les deux premiers chapitres sont consacrés à sa vie « malgré tout » : errance médicale, incompréhension, mais aussi volonté farouche de poursuivre ses projets malgré la souffrance. Il subit tout ce qui lui arrive, non seulement sa douleur physique, mais également les contraintes sentimentales auxquelles il se voit assujetti, impuissant. La seconde partie marque un tournant à la fois narratif et visuel. De retour en France, Pons entreprend une introspection profonde, amorçant ainsi un voyage symbolique et métaphorique. Il donne corps et visage aux guides spirituels rencontrés en chemin et met en scène son exploration intérieure. Cette quête, qui le mène vers une meilleure maîtrise de son souffle et de son énergie, est jalonnée d’obstacles. Au-delà de l’aspect historique et descriptif des pratiques évoquées, cette portion du récit peut paraître longue et répétitive. Alors oui, si l’intention de l’auteur était de faire ressentir au lecteur la persévérance nécessaire à ce cheminement, c’est plutôt réussi, néanmoins on souffle avec lui ! L’influence de l’animation japonaise est palpable dans le graphisme, tandis que la mise en couleur, remarquable de finesse et de sensibilité, sublime chaque page. Les Sanctuaires est une bande dessinée introspective et singulière, agréable à lire, même si la réponse à la douleur n’y est pas livrée clé en main. La fin n’est que le commencement.
