L'histoire :
Deux employés du centre de dépistage sont occupés à nettoyer les membres éparses de l’exo détecteur, détruit par Abélard Tournemine lors de sa rocambolesque évasion. Au milieu des débris, gît une boîte noire. Alors qu’un des employés allait jeter ce morceau de ferraille, un milicien vient le récupérer in extremis pour qu’il soit expertisé par un représentant médico-légal. Dans ce boîtier métallique, sont consignés secondes par secondes tous les faits et gestes de l’opérateur… Quelques heures plus tard, dans les marécages qui s’étendent autour de Spleen City, Abélard Tournemine et les pestiférés qu’il a libérés de la fosse n°7 fuient la milice de la foi. La progression est rendue difficile : la fatigue, le froid, la faim et les blessures mettent à mal le moral des malades : un vent de révolte commence à souffler et certains sont prêts à renoncer à leur liberté. Abélard leur explique alors que tout ce qu’on leur a dit sur la PEST, et notamment la circulaire D, n’est que pure fumisterie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il aura fallu être patient pour connaître la conclusion de ce diptyque débuté il y a… 9 ans par Corbeyran (au scénario) et Amaury Bouillez (au dessin). Spleen city est un village suspendu au milieu de marécages, dans un univers insolite où une mystérieuse maladie, « la PEST », s’est déclarée après une gigantesque tornade. Ce châtiment divin est une aubaine pour les responsables du pouvoir (de connivence avec les hommes de religion), car il leur permet d’exercer un contrôle social sur les pauvres, et toute population qui gêne les bien-pensants ou l’ordre établi. Lors d’une charmante rencontre, Abelard Tournemine, petit scribouillard de l’administration, découvre que certaines vérités assénées par les dirigeants de la ville ne sont que mensonges d’état, des complots pour servir les intérêts personnels de quelques notables. Le prolixe Corbeyran ne surprend pas vraiment avec cette histoire à la trame assez classique. Mais le propos est rendu plaisant par l’originalité de l’univers qu’il a inventé. Ce monde décalé, dominé essentiellement par des teintes vertes et parme, est constitué de machines improbables et d’individus aux physiques assez disgracieux, dont certains sont équipés d’exosquelettes. Ayant souvent recours aux contre-jours, le dessin de Bouillez n’en demeure pas moins fin, élégant, riche graphiquement. Les décors sont moins détaillés que dans le premier opus, laissant place à de grands aplats de couleur. On espère qu’il ne faudra pas attendre une décennie supplémentaire pour voir un nouvel album du talentueux Amaury Bouillez…
