L'histoire :
Ernest Lavisse, notre instituteur national, nous invite au théâtre de l’Histoire. Il débute sa présentation par celle de nos ancêtres les gaulois. Il explique qu’ils vivaient dans des huttes de terre sans fenêtres, avec juste un trou pour évacuer la fumée. La Gaule s’étendait légèrement au-delà des frontières actuelles de la France. Mais les gaulois étaient divisés et ils étaient très querelleurs. Selon Ernest Lavisse, les gaulois portaient d’énormes moustaches, un casque avec des ailes, ils étaient braves, d’excellents chasseurs et de gros mangeurs. Ils n’avaient qu’une terreur : que le ciel leur tombe sur la tête. Leurs prêtres s’appelaient des druides qui étaient vêtus de robes blanches et cueillaient du gui pour leurs cérémonies. Bien que divisés, ils se sont tous unis derrière un chef arverne, Vercingétorix. C’est alors qu’intervient une femme qui conteste les propos de l’instituteur. Les gaulois réels ne correspondent au portrait décrit. Même si les sources de l’instituteur sont sérieuses, bon nombre de ces affirmations relèvent du mythe et c’est ce qu’elle va démontrer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Dunod nous font pénétrer dans les coulisses de l’histoire de France de l’Antiquité jusqu’à nos jours. De manière chronologique et en 22 chapitres, Jean-Yves Le Naour et Marko reviennent sur les grands moments de l’Histoire de France, mais ce n’est pas l’essentiel. En effet, la particularité de cet ouvrage est d’évoquer le récit national, la construction et l’interprétation qui ont pu être faites de certains faits historiques. Ernest Lavisse, qui est un des guides de cette BD, était un historien positiviste né en 1842 et décédé en 1922. Il a été l’auteur de nombreux manuels scolaires et « père » des hussards noirs (instituteurs de la IIIe république). Par ses ouvrages, il a largement contribué à répandre des images et une mythologie qui est longtemps restée gravée dans l’esprit des écoliers, dans le but de leur faire aimer la nation. Une institutrice contemporaine, seconde guide de cette BD, lui apporte la contradiction et déconstruit ainsi les idées véhiculées et les images d’Epinal de ce récit national qui ont pu servir certains partis politiques. L'ouvrage apporte une réflexion pertinente sur la manière dont peuvent être exploités certains faits historiques et la façon dont ils sont restitués. Si le fond est très sérieux et amène à se poser des questions, la forme n’est pas rébarbative : le ton est plutôt humoristique. Graphiquement, si ce livre manque un peu de chevaux (running gag), Marko offre un dessin caricatural très sobre et approprié.
