L'histoire :
Aujourd’hui, c’est Noël à Houppeland. Aujourd’hui… comme hier et comme demain, d’ailleurs. Car un décret présidentiel a décrété que ce serait Noël tous les jours et que les gens devaient absolument être heureux. Pour tenir cet impératif présidentiel, une milice de joyeux drilles a été créée, et elle a l’autorisation de perquisitionner au hasard, chez les gens, lors de leurs réveillons quotidiens, histoire de vérifier qu’on s’amuse effectivement et qu’on se fait des cadeaux qui font plaisir. A la moindre incartade, c’est la condamnation, et les juges ne rigolent pas avec la bonne humeur. A cette soirée (radieuse !), chez (l’aimable !) Madame Dutarêt, Papy Jambier, René Poliveau et le fiston Dédé font la connaissance d’Arlette Champagne. René tombe instantanément amoureux de celle-ci, ignorant qu’elle est « borderline » : elle en a plus que ras-le-bol des risettes forcées, elle veut rejoindre la résistance. Car dans les caves, en secret, l’on complote contre le président de la république, en buvant de la limonade et en mangeant des biscottes ! Les destinés de René (un vrai héros qui s’ignore) et d’Arlette vont être amenées à se rejoindre, lorsque celle-ci va éternuer dans un rayon de supermarché ! Car la maladie, qui nuit forcément à la bonne humeur, est elle aussi fortement réprimée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il en avait marre, le Didier Tronchet, des mariages et des réveillons où il est de coutume de s’amuser aux forceps (« …et porte le au frontibus au nasibus au sexibus et glou et glou… »). Marre, au point d’embrasser le concept dans ses pires outrances, pour finalement en tirer cette fable politique foutraque et rudement intelligente. Houppeland était alors son premier virage « mature », une œuvre qui l’a amené à se dépasser pour se détacher des univers – certes réjouissants mais – cloisonnés de Raymond Calbuth et de Jean-Claude Tergal. Sur plus de 150 pages, la présente réédition (petit format et reliure souple) reprend l’intégralité du diptyque initialement paru chez Aire libre en 1997, en 2 tomes. D’emblée, le contexte est jouissivement décalé et les nombreux développements que la situation absurde procure, découpés en 9 chapitres, renouvellent à chaque fois l’humour, avec en prime de sacrément bonnes idées. Car les actes de résistances de la bande à René, tout comme la succession des régimes, relancent à chaque fois l’intrigue et l’absurde. Tantôt, on se bidonne des jeux de mots (ex : l’assassin Paco Tyson appelle le président à fêter Noël au balcon), tantôt on hallucine du culot de la situation (a contrario de la coutume, Tyson parade dans une limousine, lorsqu’il tire sur le président, au balcon), tantôt du non-sens ultime de répliques néanmoins parfaitement limpides dans le contexte (« Arrêtez la femme de la queue, bande de porcs ! »). En 1998, Tronchet avait reçu le prix de l’humour noir pour Houppeland. Y a-t-il seulement eu mieux, depuis ?
