L'histoire :
Mowgli est la seule jeune fille humaine dans un monde post-apocalyptique où l’intellect des animaux a évolué, tandis que celui des humains a régressé. Avec ses amis Kâ le serpent, Baloo l’ours et Bagherra la panthère, elle s’est mise en tête de retrouver ses semblables. Durant leur quête, ils s’approvisionnent comme il peuvent dans les friches de supérettes ou de stations-service. Mais les temps sont durs à travers cet hiver nucléaire. Mowgli commence à désespérer de retrouver un jour des humains comme elle. Ils mettent le cap, en jeep et moto, sur les régions montagneuses, les seules qu’ils n’ont pas encore écumées. Soudain, ils repèrent la fumée d’un feu de camp. Ils espèrent tomber sur des humains… mais découvrent le colonel Hathi, un cerf, chef des forces armées, et sa troupe en exercice. Hathi est tout l’inverse d’une menace pour eux. Il confirme que les montagnes sont sans doute le meilleur endroit où trouver les humains, une espèce craintive et difficile à localiser. Il conseille aussi à Baloo de redoubler de vigilance pour sa jeune protégée. Car le tigre Shere Khan rode. Les quatre amis repartent revigorés, mais leur route est bloquée par un tronc enneigé. Alors qu’ils poursuivent à pieds sur quelques dizaines de mètres, en éclaireurs, Mowgli découvre des traces de pas dans la neige. Et au bout de ces traces… une humaine emmitouflée dans un gros anorak et blottie en sanglots au pied d’un arbre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième et dernier épisode de cette relecture du Livre de la jungle version féminine et post apocalyptique, mâtinée de Planète des singes. Il faut reconnaître à l’autrice de cette surprenante version, Anne Quenton, d’avoir réussi à être allée jusqu’au bout d’un concept de réécriture peu évident. Certes, il y a quelques facilités et incohérences glissées sous le tapis… mais au final, on retrouve globalement la trame générale et les différentes séquences / rencontres des personnages de Rudyard Kipling. L’angle d’approche n’est certes plus du tout la distraction infantile avec des gentils animaux (Kipling avait écrit cette œuvre pour son petit-fils !), mais plutôt la revanche d’animaux antispécistes ayant inversé le rapport de force intellectuel avec les humains, dans un monde que ces derniers ont crétinement ravagé. Ce canevas narratif trouve son climax dans cette conclusion avec la confrontation attendue entre Mowgli et le terrible tigre Shere-Khan. Le dessin opte toujours pour un semi-réalisme infographique totalement maîtrisé dans sa technique, qui a le seul défaut d’être un peu trop cadré sur les personnages, comme pour éviter de devoir créer trop de décors et de panoramas dévastés de ce monde dystopique qu’on aurait aimé plus fouillé.