L'histoire :
Jeff, chauffeur de taxi clandestin et musicien à ses heures, fait la connaissance d'Angela à la terrasse d'un café. Récemment séparé de son amie Alice, il tombe sous le charme de cette petite esthéticienne à domicile, tendre et sincère. Commence alors pour les deux jeunes gens une relation dont ils ne prennent que le meilleur, un an durant. Mais quelques incidents de la vie quotidienne dévoilent à Jeff un aspect de la personnalité d'Angela qu'il ne connaissait pas. Cette dernière commence à montrer des signes d'agressivité sans raison apparente, et leur relation se rythme au gré de l'humeur changeante de la jeune femme. Jeff se confie à un de ses clients, Philippe, qui se garde bien de lui avouer qu'il entretient lui aussi une relation avec cette Angela lunatique, parfois dure et sèche, aux antipodes de la douce jeune fille qu'il a rencontrée quelques mois auparavant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le succès justifié de Quelques mois à l'Amélie, Jean-Claude Denis revient avec un one shot surprenant et intrigant. Si la première partie tout en rondeur nous fait partager cette merveilleuse histoire d'amour à laquelle on veut croire, l'auteur casse le rythme dans une seconde partie bien plus abrupte où il aborde les troubles de la personnalité. JC Denis use habilement d'une narration volontairement floue pour jeter le trouble dans l'esprit du lecteur, un peu à la manière de David Lynch qui a magistralement traité le sujet de la schizophrénie dans Lost Highway. Le dessin réaliste, malgré un trait très épais, illustre parfaitement les changements de personnalité d'Angela. Elle a tantôt un visage de poupée plastique, tantôt les traits d'une diablesse. Mais l'auteur ne va pas jusqu'au bout du sujet. Ce qui aurait pu être la grande force de cet album est en fait son talon d'Achille. A trop brouiller les pistes, on se demande même si l'on est vraiment en présence d'un trouble de la personnalité ou si Angela la douce n'est en fait que le reflet illusoire que chacun veut avoir de l'autre. Finalement, on referme l'album avec des questions plein la tête et un goût d'inachevé.