L'histoire :
Un accident monstrueux survient dans la centrale nucléaire alsacienne de Mossenheim. Sur un très large périmètre, les populations locales françaises, belges et allemandes sont obligées de fuir définitivement leurs régions. Ils trouvent refuge en Suède, qui établit à la hâte des camps d’exilés. En plus du marasme de l’exil, Christophe, ex chef de restaurant récemment étoilé, vient de perdre sa femme, Sandra, mortellement irradiée. Il doit désormais gérer seul Louise et Thibaud, ses deux enfants ados, qui lui reprochent assez violemment d’être un mauvais père… et d’avoir été un mari pitoyable. Pour preuve : avant de mourir, Sandra le trompait avec un de ses collègues, Éric. Or le sort veut que Christophe et Eric se retrouvent aujourd’hui ensemble, dans le même atelier de menuiserie… une sorte de travail forcé pour agrandir les baraquements du camp de réfugiés atomiques. Parmi les ouvriers de l’atelier, se trouve aussi Verdier, un autre ex-collègue de Sandra, qui détient un secret sur l’origine de la catastrophe. Mais Verdier est lui aussi terriblement atteint par les radiations… il n’en a plus que pour quelques jours à vivre et aimerait transmettre les informations cruciales qu’il a cachées sur clé USB. D’autres agents de la « sécurité nucléaire » tentent alors de le museler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les scénaristes Sylvain Runberg et Olivier Truc poursuivent et terminent leur diptyque catastrophe dans le même esprit qu’ils l’avaient commencé. Dans le marasme résultant d’une catastrophe nucléaire d’une ampleur inédite, les héros français se retrouvent déracinés de leur vie et exilés en Suède. A l’origine, ils ressemblent pourtant à une famille « normale » ; mais en plus de la catastrophe, ils sont aspirés dans une spirale de crises à tous les niveaux et en cascade : crise de couple, crise familiale, crise d’adolescence, crise politique, crise nucléaire, crise sociale… et aucun des nombreux protagonistes n’arrive à gérer la situation avec sang froid, dignité et prise de recul. Tous s’invectivent, s’engueulent, s’agressent avec une condescendance insupportable. Cette ambiance délétère de fond n’aide pas à surpasser l’autre grosse lacune de cette série heureusement très courte : les réflexes identitaires caricaturaux à outrance. Ha les méchants fachos blancs ! Bravo les gentils gens de couleur pour leurs leçons de tolérance (et l’aide alimentaire…) ! On comprend bien le propos de fond, qui cherchait un retournement paradigmatique à la situation migratoire et un lancement d’alerte sur les montées des fascismes européens actuels… mais c’est too much, ridiculement caricatural, amalgamé et tarabiscoté. Dans cette double ambiance stigmatisante et agressive, nos héros tentent de se sortir d’un complot gloubiboulguesque auquel, de fait, on ne s’attache pas trop… et qui fait pschitt. Julien Carette ne semble pas trop y croire non plus, étant donné les erreurs de proportions à plusieurs reprises, où le manque de profondeur dans son dessin. Dommage, il y avait sûrement mieux à faire avec tous ces sujets… et sans doute en prenant de la hauteur sur un principal.