parution 04 octobre 2013  éditeur Dupuis  collection Aire libre
 Public ado / adulte  Mots clés Guerre

Stalingrad Khronika T2

Bombardement, haine tenace entre Yaroslav et Simon, bobines perdues… Le tournage du film à la gloire de l’armée rouge tourne au fiasco. Et grâce à une unité anti-désertion, c’est loin d’être fini. Suite et fin d’un récit aussi singulier que captivant.


 Stalingrad Khronika T2, bd chez Dupuis de Ricard, Bourgeron, Champion
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Dupuis édition 2013

L'histoire :

Stalingrad, hiver 1942. Alors que la bataille opposant soviétiques et nazis fait rage dans les décombres de la ville, quatre citoyens russes sont chargés, à la demande de Staline, de réaliser un film à la gloire de leur grande armée. Le projet est confié à Yaroslav, qui ne doit pas cette mission à son talent, mais plutôt à ses liens de parenté avec l’un des dignitaires du régime. Le pire, c’est qu’il n’est pas seulement nullissime : c’est aussi un trouillard qui, au seul bruit d’une balle de fusil, se fait dessus. Aussi Kazimir, un commissaire du peuple qui commande l’équipée, lui a-t-il adjoint Simon, un ancien directeur du centre cinématographique soviétique en disgrâce. Et surtout, en son temps mis à l’écart (et condamné à la prison) sous l’impulsion de Yaroslav qui appréciait peu que ce dernier lui refuse d’accéder au centre. Ces deux-là deviennent rapidement comme chien et chat. Pour qu’ils déambulent sans difficulté dans la ville, Igor, un soldat natif de la ville, les guide dans cet enfer enneigé. Caméra à l’épaule, les 4 hommes commencent à filmer, mais la couardise et le manque de professionnalisme de Yaroslav contraint plus souvent le groupe à se cacher qu’à tourner. Forcé de sortir, pourtant, le groupe est séparé par un bombardement. Kazimir est grièvement blessé. Igor part à la recherche des bobines de films égarés. Simon et Yaroslav se réfugient dans un immeuble abandonné. Il faut croire qu’il s’agit là d’une bien mauvaise option, puisque bientôt, une troupe allemande décide de se réfugier dans le même immeuble pour y passer la nuit. Malgré tout, Simon et son compère parviennent à quitter les lieux sans encombre. Mais aussitôt sont-ils sortis de ce guêpier, qu’ils sont mis en joue par quelques-uns de leur compatriotes : une unité de l’armée soviétique composée d’anciens prisonniers de droit commun et chargée de tirer à vue sur les déserteurs. Pour eux, il suffit de faire un pas en arrière de la ligne de front pour déserter…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

L’un est presque mort. Deux autres sont planqués dans un immeuble choisi pour refuge par une grosse patrouille allemande. Le quatrième est à quatre pattes dans la neige épaisse, à la recherche de bobines de pellicules cinématographiques… A la fin de la première partie de ce récit en diptyque, l’affaire semblait bien mal engagée pour notre quartet de losers chargé de produire un film à la gloire de l’armée stalinienne, au cœur de la terrible bataille de Stalingrad (1942). Et il faut bien avouer que, sous la houlette d’une unité anti-désertion de l’armée soviétique, tout continue de copieusement glisser. Bref, vous l’aurez compris, le projet initial commandé par Staline et ses sbires en prendra définitivement un coup dans les carreaux. Au moins permettra-t-il, au détriment de toute propension artistique, de faire un énième petit tri stalinien entre « patriotes » et « ennemis »… C’est d’ailleurs toute une partie de la mécanique totalitaire, bien plus qu’une réflexion (finalement timidement saupoudrée) sur la place de l’art dans ce type de régime, qui est décortiquée. En particulier, il s’agit ici d’exacerber le jeu des relations, l’engrenage de la dénonciation, l’hypocrisie du sauve qui peut, l’absence de choix dans un régime où le moindre faux-pas se solde par des années de villégiature en Sibérie ou une poignée de balles de fusils au poteau d’exécution. On observera ainsi les manipulations à tiroirs pour faire porter le chapeau à l’autre, débusquer la taupe du NKVD (la police politique), intimider et tirer sous couvert de patriotisme les marrons du feu. Servi par un échange de dialogues millimétrés, une dose d’humour cynique, un petit lot de rebondissements et un dessin plutôt convaincant (dans le choix théâtral de la mise en scène), l’ensemble capte sans difficulté. En outre, il a l’avantage de démontrer qu’il faut définitivement faire attention à ne pas pisser n’importe où…

voir la fiche officielle ISBN 9782800157443