L'histoire :
Après le décès de leur père, leur mère leur révèle que ses deux derniers enfants (l’autrice et son petit frère) ont été conçus grâce à un don de sperme. Le choc est foudroyant. D’abord sidérée, Laure agit en pilote automatique. Puis, un flot de questions envahit son esprit : d’où viennent ces mollets si semblables à ceux de son père ? Qui est mon père ? Qui suis-je ? Ai-je le même donneur que mon petit frère ? Quel est mon ADN ? Vient ensuite le moment de partager ses émotions avec son petit frère. Ensemble, ils exorcisent beaucoup de choses, souvent sur le ton de l’humour. Mais la révélation fait aussi remonter la douleur : celle de leur père, qui s’est battu contre la maladie. La même maladie qui l’a empêché de concevoir ses deux derniers enfants, et qui l’a emporté quelques années plus tôt. Laure ne cesse de se demander : pourquoi ne pas l’avoir révélé plus tôt ? Maintenant plutôt que de se taire, elle choisit, avec l’accord de sa famille, d’en parler, d’abord autour d’elle, puis publiquement. Elle ne veut plus en faire un sujet tabou. Elle découvre alors qu’elle n’est pas seule, que ce vécu est partagé par beaucoup d’autres. Elle réalise que c’est universel : de nombreux enfants ne grandissent pas avec leur géniteur. Ce livre, elle l’écrit pour toutes celles et ceux qui, comme elle, découvrent avoir été conçus grâce à un don de sperme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans sa première bande dessinée, La meuf en paillettes, Laure Barrière nous livre son histoire personnelle. Le titre fait référence au terme « paillette », utilisé pour désigner le tube contenant le sperme d’un donneur, et reflète déjà le mélange d’humour et de gravité qui traverse l’ouvrage. La BD retrace le parcours de l’autrice, de la révélation faite par sa mère à la sidération, puis à l’acceptation et au partage, offrant un témoignage profondément intime. Destinée avant tout à celles et ceux qui ont été conçus par don de sperme, la bande dessinée permet de se sentir moins seul face à ces questionnements identitaires. Pour un public non concerné, l’intérêt est limité : le récit n’a pas vocation didactique et ne fournit que peu d’informations nouvelles sur le sujet. Il s’attache surtout aux questionnements personnels et aux émotions suscitées par cette révélation. Graphiquement, Laure Barrière privilégie les personnages et leurs expressions, laissant effaçant le décor des cases. Ce choix accentue l’intensité des sentiments et rend la lecture très centrée sur l’humain. La mise en page se veut ludique et inventive, multipliant les métaphores visuelles et les touches d’humour, ce qui empêche le récit de tomber dans le pathos malgré le sujet. La meuf en paillettes est donc une lecture sensible, réussissant à conjuguer introspection et légèreté, mais reste avant tout destinée à un public concerné par la question.