L'histoire :
Blandine ressent le sentiment d’insécurité en permanence. Elle a peur du monde extérieur autant que d'elle-même. Après plusieurs hospitalisations, le verdict tombe : la médecine met enfin un nom sur son état. Blandine souffre d’un trouble « borderline ». Un débordement émotionnel provoqué par de multiples facteurs incontrôlables et diverses émotions, parfois contradictoires, qui font de la vie de Blandine un enfer. Sur son quotidien, ça se traduit autant par des colères que par des addictions et pensées morbides. Des crises extrêmes, incontrôlables pour l’entourage et qu’elle ne maîtrise pas elle-même. Pour y faire face, la plupart du temps, elle se noie dans l’alcool, la fête et la cigarette. Elle sait que ce n’est pas la solution, mais un instant, ça lui permet d’oublier le reste. Alors elle espère que son hospitalisation lui apportera des réponses et l’aidera à trouver les outils pour apaiser ses maux. Ce mal-être quasi constant et ces tempêtes émotionnelles détruisent tout sur leur passage. Son copain est là en soutien, même s'il se sent impuissant et ne sait comment l’aider. Blandine craint qu’il ne la quitte, même s'il la rassure et vient la voir à l’hôpital. C’est une angoisse de plus sur sa montagne, déjà haute et pleine de tocs, d’obsessions et d’incertitudes sur son avenir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Blandine Denis raconte avec humilité et tendresse son histoire. Elle se livre sans tabou sur ses troubles et addictions et nous emmène errer avec elle dans les couloirs de la psychiatrie. Depuis longtemps, elle dessine sa vie dans ses carnets. Après son dernier séjour, elle décide d’en faire une bande dessinée, pour expliquer l’internement. C’est un sujet encore peu abordé en bande dessinée. Elle parle de son trouble, une fois le diagnostic posé, elle est « borderline ». Un état émotionnel qu’il faut en permanence maîtriser car un petit « rien » peut tout remettre en question et la faire basculer entre névrose et psychose. Elle s’efforce dans son quotidien de ne jamais dépasser cette ligne. C’est un tracas peu connu que l’on devine profond par son nom. Son récit est découpé par date, comme un journal. Son dessin est un peu grossier avec une mise en page à l’image du « bordel » qui se trouve dans sa tête. Son témoignage est une mise à nu, comme elle le décrit. Lorsqu’on franchit les portes de la psychiatrie il n’y a plus de filtres, on est tous à poils. Elle dépeint une vision souvent biaisée de l'HP, regrette l’incompréhension de l’entourage et le manque d’empathie de certains. Dans les couloirs elle croise toutes sortes de personnes. Chacun est là pour diverses raisons, il y a différents degrés de folie. Des troubles parfois invisibles, des gens normaux qui ne laissent rien transparaître. Et puis les autres, les « vrais fous », comme ils les appellent. Elle dénonce également une dure réalité, celle de la recherche médicale. Il faut parfois de long mois pour poser un diagnostic et trouver un traitement adapté, d’où certaines hospitalisations longues et sans résultat probant. Cette lecture est instructive et interroge : et si, finalement, il y avait autant de fous que d’humains et qu’on était tous un peu fou ?
