parution 02 février 2018  éditeur Eidola  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

Cosmobacchus

Lucifer

La rencontre atypique de deux personnages hauts en couleur qui parcourent les routes de France pour rencontrer les vignerons adeptes de la vinification traditionnelle, occulte ou délirante (biodynamie, cosmoculture).


Cosmobacchus : Lucifer (0), bd chez Eidola de Meybeck
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Eidola édition 2018

L'histoire :

Dans le sud de la France, à l’époque actuelle, un homme passe le pas de la porte d’une cave à vin atypique. Du nom de « bris’soif », la petite échoppe est tenue par un breton d’apparence rustique, assimilant son image au plus « dodu » des gaulois. Le premier lance au caviste un « Bonjour, vous avez du Tariquet ? » Ce vin blanc fruité facile à boire et bon marché a le don d’irriter notre caviste peu enclin à distribuer ce genre de breuvage. En revanche, ce dernier lui propose un petit vin local produit en biodynamie. Devant l’air dubitatif et penaud du client, le caviste lui propose de venir à une soirée dégustation et lui tend un prospectus publicitaire. Le prospectus est à l’image du tenancier des lieux, thématisé sur les gaulois à coup de banquet final, de Farpaitement Môssieur et de Toutatis. Amusé par l’affiche publicitaire, le client annonce qu’il est auteur de bande dessinée à la recherche d’idée pour son nouveau projet. Le caviste breton soumet l’idée de réaliser une bande dessinée sur son métier de caviste ou sur sa passion du vin. Il propose à l’auteur de le suivre durant une année, lors de ses visites aux vignerons et l’invite aux différentes dégustations. L’artiste réfléchit au projet qu’il juge intéressant. Mais devant la concurrence des albums sortis récemment, il a peur que les lecteurs soient rassasiés par le thème. Cependant, un argument percutant fait vite pencher la balance : un an de dégustation gratuite ! Il n’en fallait pas plus pour que nos deux compères se lancent sur les routes en direction de la Bourgogne à la découverte des vins locaux, et en particulier de la culture biodynamique.

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le lecteur rassasié et saoulé par les bandes dessinées thématisées sur le vin ou la viticulture vont s’exclamer : « Allez, encore une BD sur le pinard... » Il est vrai qu’après les séries Château Bordeaux (Corbeyran & Espé), Clos de Bourgogne (Ruizge), Un grand Bourgogne oublié (Guillot, Richez et Guilloteau) ou encore le Davodeau Les ignorants (pour ne citer qu’eux), on pouvait croire le thème saturé. Jean-Benoît Meybeck, au scénario et au dessin, en est conscient dans son album, car le personnage principal le mentionne, avant de se lancer à corps perdu avec son bourru de caviste breton. Mais – il y a toujours un mais – l’album tire son épingle du jeu en abordant un thème pas ou peu développé : la biodynamie et la cosmoculture. Deux pratiques qui, à première vue, peuvent paraître perchées ou faites pour les gaillards qui n’ont pas la lumière à tous les étages. Or, force est de constater que le résultat final, une fois dans le verre, est de bonne facture et surtout, sans produit chimique ajouté. La grande force de cet album est son scénario bourré d’humour. Surtout, on s’amuse à suivre les péripéties des deux compères qui ont un charisme fou et qui ponctuent les descriptions des techniques de vinification avec une petite touche d’humour. Il y a pas mal de petits clins d’œil à des œuvres du 9éme ou 7éme art, comme l’analogie du personnage principal au héros d’Uderzo ou encore au film de De Funès et Coluche L’aile ou la cuisse, quand il est question de la malbouffe. Au niveau du dessin, au premier feuilletage, ce n’est pas le genre de trait qui attire directement. Les cases sont parfois brouillonnes, mais permettent à l’auteur d’illustrer la vision ésotérique de la biodynamie. Il y a pas mal de recherche artistique tout de même et certains éléments comme l’utilisation de la typographie « Fraktur » pour donner du corps au discours de Steiner, le père de l’anthroposophie, induit par la même occasion une connotation de puissance, de terreur et de folie. Effectivement, cette écriture créée par les prussiens a été imposée par Hitler comme écriture officielle du IIIème Reich à partir de 1933. De plus, la colorisation en nuance tournant autour du rouge bordeaux est une belle idée pour un album dont le thème principal est le vin. Ainsi, le style de trait ne plaira pas à tout le monde, c’est une évidence. Mais forcez la porte de votre premier a-priori et prenez plaisir à suivre deux personnages touchants et drôles.

voir la fiche officielle ISBN 9791090093225