parution 09 février 2022  éditeur Futuropolis  Public ado / adulte  Mots clés Adolescence

17 piges

Ben, 17 piges, est emprisonné dans un quartier pour mineurs. Il espère sortir avant sa majorité, pour éviter d’être muté parmi les détenus majeurs. Hélas… Une description terriblement authentique de la vie carcérale et de ses effets délétères.


17 piges, bd chez Futuropolis de Dautresme, Bast
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Futuropolis édition 2022

L'histoire :

En février, une voiture de police se gare au lycée Saint Louis de Noisy-le-Sec. Les deux officiers sont là pour embarquer un certain Ben N’Kante, élève en classe de 1ère, mais ils n’en expliquent pas la raison à la proviseure. Cette dernière va elle-même convoquer Ben, alors qu’il est en cours de maths. Elle demande qu’il prenne toutes ses affaires. Une fois seule avec lui dans le couloir, elle lui annonce que la police l’attend dans son bureau. Sans savoir ce qui lui est reproché, Ben est alors conduit à la plus grande prison d’Europe, Fleury-Mérogis. A l’arrivée, on lui demande de se déshabiller entièrement et on le fouille, y compris dans sa bouche et ses cheveux. On relève ses empreintes, on lui crée un « numéro d’écrou », on lui file des fringues à sa taille. Les gardiens lui attribuent une cellule individuelle avec douche et télévision. Il aura droit à un coup de fil d’une minute à ses parents le lendemain. Avant même de rencontrer son avocat, Ben doit intégrer un parcours scolaire carcéral, en compagnie d’autres mineurs de son âge. Sa prof d’histoire géo est sa professeur référente. Ben fait ainsi connaissance avec d’autres jeunes dont le niveau de délinquance mérite l’enfermement. Il espère sortir vite, et surtout avant son anniversaire des 18 ans. Avant de rejoindre le difficile quartier pour adultes…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Ben N’Kante, 17 piges, se retrouve incarcéré dans un établissement pénitentiaire pour mineurs. Nous ne saurons jamais s’il est réellement coupable du viol en réunion qui lui est reproché – il faudra d’ailleurs attendre la p.39 (sur 122) pour l’apprendre. L’enquête policière n’est pas le propos de ce bouquin, pas plus que la délinquance. Au scénario, Isabelle Dautresme propose « simplement » de décrire la réalité de la vie en prison pour un jeune de moins de 18 ans. La décrire au plus juste, en s’appuyant sur une documentation authentique et précise, pour en dénoncer les effets délétères, comme le dénoncent tous les rapports de tous les spécialistes. Le dossier spécial en fin d’album est d’ailleurs édifiant. En marge des promesses souvent répressives des candidats politiques, on ne cesse de réformer la justice à ce sujet, mais on n’a semble-t-il toujours pas trouvé de solution d’isolement et de rééducation miracle. En ce sens, ce bouquin est admirablement réussi. La narration lente s’adapte au temps long de la vie pénitentiaire et s’appuie sur toutes les routines récurrentes, sur l’atmosphère logiquement déprimante, sur les visages toujours moroses (des gardiens, des détenus, des professionnels de justices…), sans jamais aucune accélération de l’action. Hé oui, le sens de la vie prend une sacrée pesanteur, en prison. Avec son lavis monochrome légèrement sépia, le dessin semi-réaliste de Bast se conforme à la grisaille du béton et il reste régulier dans sa capacité d’évocation. Pour autant, on ne s’attache pas au personnage central fictif de Ben, car il montre des traits de caractère fermés, poreux, indolents… Ne pas s’attacher n’empêche pas de compatir réellement sur ce qui lui arrive et de comprendre tout ce que la prison détruit chez ces jeunes en pleine construction de leur identité, de leur destiné. Une citation du pédopsychiatre Boris Cyrulnik résume le sens de l’ouvrage : « La prison est la pire des réponses. Elle réunit toutes les conditions de répétition de la violence. Elle provoque l’isolement sensoriel, l’arrêt de l’empathie, l’augmentation de l’angoisse, entretient les relations toxiques et l’humiliation. En sortant de prison, on constate que l’enfant n’est plus apte à réguler ses émotions ».

voir la fiche officielle ISBN 9782754829052