L'histoire :
Au printemps 1928, à Saint-Tropez, Emma Goldman est apatride et muselée. Elle vit dans une maison à la campagne et a décidé d'écrire ses mémoires. Tant de choses ont été racontées sur elle, tant d'histoires insensées : la plupart ont des palpitations lorsqu'ils entendent son nom prononcé. Elle se remémore ce qu'on a pu dire d'elle : « Emma Goldman est une sorcière, elle ne jette pas des sorts mais fait bien pire, elle appelle à la révolte, elle nargue les autorités ». Une voiture arrive. Sasha et Fedya se lèvent de leur transat à l'extérieur. Emma les observe mais ne bouge pas. Des amies sont arrivées. Emma reste concentrée sur la rédaction de son histoire. Elle est arrivée à New-York le 15 août 1889. Elle venait de quitter Rochester, où sa vie n'était qu'ennui. En arrivant aux Etats-Unis, un nouveau monde étrange et terrifiant s'offrait à elle. Habitée par un idéal anarchiste, elle voulait en découdre, même si ici, elle devait repartir de zéro, avec seulement 5 dollars en poche, et un petit bagage. Elle avait aussi l'adresse d'un camarade, et surtout, elle avait en tête le journal Die Freiheit, édité par Johann Most devenu son idole. Cependant, lorsqu'elle se présente à l'adresse de son ami, celui-ci a déménagé. Elle finit par trouver sa nouvelle adresse. Et cette connaissance va lui permettre de s'intégrer rapidement dans cette grande ville, de se faire des amis, de continuer à développer sa pensée anarchiste, tout en s'impliquant dans le mouvement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Emma Goldman a marqué l'Histoire. Icône anarchiste et féministe, elle sera l'une des pionnières de ce militantisme, à tenir des discours politiques dans un monde d'hommes. Léa Gauthier a été l'une des premières en France à traduire ses textes. Accompagnée d'Hélène Aldeguer au dessin, elles adaptent librement, et de manière synthétique, l'autobiographie d'Emma Goldman, Living my life. On alterne ici entre deux points de vue : à la fois celui d'Emma Goldman, à la fin des années 1920, alors qu'elle est exilée à Saint-Tropez, et qu'elle est en train d'écrire ses mémoires, mais aussi une immersion dans son passé, dans les moments clés de sa vie. On constate son évolution, en tant que femme, en tant qu'anarchiste, on voit également les idées et les combats qui l'animent. Ces deux aspects de sa vie sont facilement identifiables pour le lecteur, car la colorisation change. A Saint-Tropez, les couleurs vives et lumineuses, pleine de pep's, portent un éclairage sur ces instants ; alors que dans son passé, des teintes plus sombres, toujours teintées de rouge, rythment le récit. L'occasion de découvrir cette femme au parcours hors-norme, qui se battait contre les oppressions, au service des travailleurs, des femmes, des enfants ou encore des mœurs. Pratiquant l'amour libre, militant pour la contraception, ou le droit à l'avortement, elle n'avait qu'une aspiration : accéder à la liberté.
