L'histoire :
Le docteur Watson poursuit son enquête sur les circonstances de la mort de son ami Sherlock Holmes, dans les chutes d’eau suisse de Reichenbach. Watson a d’abord appris par Mycroft, frère de Sherlock, que le détective avait sévèrement abusé de la cocaïne, jusqu’à en devenir dément, à partir du moment où le docteur s’était marié. Puis Watson a découvert que l’ennemi intime, le professeur Moriarty, n’était pas le « Napoléon du crime » dénoncé, mais un trivial professeur de mathématiques de province et rival d’enfance de Holmes. Avec un certain désarroi, Watson a alors constaté de visu que Moriarty était toujours vivant et que donc, il n’avait pas chu dans les chutes suisses. Il a même découvert que ce dernier était financièrement entretenu depuis des années par la famille Holmes ! Mais pourquoi donc ? En compagnie de son épouse et du jeune détective Wiggins, Watson s’est donc rendu dans le manoir familial des Holmes, dans le Yorkshire, afin de rencontrer Siger et Violet Holmes, les parents de Sherlock, et essayer de percer les secrets de cette étrange famille. A moitié dément, le vieux Siger semble sous la coupe d’une infirmière unijambiste, Gloria Dumbley, qui oppose comme un barrage aux investigations de Watson. Le docteur se rend alors en France, dans la ville de Pau, sur la piste d’Horace Vernet, peintre et grand-oncle de Sherlock. Wiggins, quant à lui, explore à Manchester la piste du pommeau de canne de la vieille Dumbley. Celui-ci est en effet gravé au nom du Dr Dudley Parks…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une introduction onirique autant destinée à replanter la problématique qu’à brouiller les pistes, nos héros se séparent pour faire progresser leur enquête sur la mort – présumée ! – de Sherlock Holmes. Or à chaque fois qu’on a le sentiment de s’éloigner du cœur du sujet, Luc Brunschwig nous délivre de nouveaux indices, à même de révéler la personnalité complexe du célèbre détective. En France, Watson suit ainsi la piste du peintre de la famille Holmes et découvre les talents artistiques insoupçonnés de son « défunt » ami. Wiggins enquête quant à lui à Manchester dans l’entourage d’un sulfureux médecin et tombe dans des émeutes liées à la mort de deux enfants. Et pour ne rien changer, Sherlock Holmes, principal sujet du récit, brille par son absence. Les deux fils du récit s’entremêlent narrativement en un laps de temps unique. Ils apportent chacun leur lot de rebondissements imprévus, de révélations surprenantes… et nous abandonnent néanmoins au terme de ce 3ème opus avec plus de questions que de réponses. Difficile de savoir où veut nous emmener ce diable de scénariste. Toujours est-il qu’il joue de manière exquise avec la petite mythologie pondue par Conan Doyle, et que l’exercice comblera de bonheur les amateurs. Or, étant donné le formidable travail artistique porté par Cecil, on espère que cela durera (rappelons qu’à l’origine, 9 tomes de 32 planches étaient prévus). Avec un ultime épisode du Réseau Bombyce à fournir entretemps, il n’est pas étonnant qu’il ait fallu 4 années à Cecil pour livrer ce tome 3. Une finition extrême est apportée aussi bien aux personnages qu’aux décors (le port et la gare de Bordeaux, les emeutes...). Son lavis monochrome semble encore se bonifier avec cet opus et couvre cette fois 42 planches. Et ce n’est pas le dossier graphique en annexe de la première édition qui nous contredira…
