L'histoire :
Etienne Davodeau a très envie de raconter en BD le métier de son épouse Françoise. Non seulement parce qu’il a envie de se frotter à l’exercice subtil de raconter ce métier particulier, mais aussi parce qu’il pense que ce témoignage peut aider les gens qui y sont confrontés. En effet, Françoise est travailleuse sociale dans le milieu des personnes âgées qui ont des pathologies neuro-dégénératives, des troubles cognitifs. Elle rend ainsi visite régulièrement à diverses personnes plutôt âgées, atteintes d’Alzheimer, de démence sénile ou de troubles psychiques, pour les aider à vivre au quotidien avec ces comportements définitivement handicapants. Or dans un premier temps, le plus difficile pour Davodeau est peut-être de convaincre son épouse de partager sa démarche et de témoigner sur son métier au sein d’un album de bande dessinée. Une fois la phase d’acceptation passée, Françoise raconte son intervention auprès de Monsieur Saunier. Ce vieux monsieur est persuadé qu’il est en Allemagne pendant la seconde guerre et qu’il doit rentrer chez lui, pour retrouver sa maman dans le Poitou, mais qu’il ne peut traverser la frontière…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce témoignage en BD ultra sensible sur la profession de son épouse, Etienne Davodeau revient au documentaire. Son épouse, Françoise Roy est en effet spécialisée dans l’accompagnement des personnes atteintes de troubles cognitifs comme la maladie d’Alzheimer. Elle est une sorte d’accompagnante aux patients et à leurs aidants, un métier qui n’a pas de nom précis. L’auteur a mis 15 ans à maturer et convaincre son épouse de s’ouvrir sur ce métier social très particulier. Au cours de ce roman graphique de 160 pages en noir et blanc, il met ainsi en scène les rencontres et discussions que peut avoir son épouse avec les patients – la plupart du temps des personnes âgées – et lorsque la décence, ou le respecter de l’intimité l’exige, il se met en scène lui-même en train de discuter avec son épouse des axes d’approches, ou du périmètre psychologique des pathologies, afin de bien cerner la difficulté de cet engagement, aussi nécessaire que sans aboutissement probant. On ne guérit en effet jamais de ces pathologies ; tout au plus, on peut aider les personnes qui en sont atteintes – et leurs proches ! – à vivre mieux. Cet album est aussi délicat que généreux, et il réussit le tour de force de n’être jamais plombant.