L'histoire :
Mars 2022, des pêcheurs tunisiens découvrent un cadavre flottant dans la mer avant d’en découvrir des dizaines d’autres. Ce qui devrait être marginal est devenu une triste habitude pour ces habitants de la cote tunisienne. Dans cette tragédie, un jeune garçon, Abdoulaye, est parvenu à rejoindre la plage en nageant. D’abord rabroué par les habitants, il est ensuite pris en main par Chamessdine, vieil homme modeste et bénévole du croissant rouge venant en aide aux réfugiés échoués. Ensemble, ils vont rechercher la mère d’Abdoulaye, partie dans le même conditions un an plus tôt et dont il n’a plus de nouvelles. Chamessdine va écumer les bureaux de recherches et réseaux sociaux mais se montre, par expérience, pessimiste. Il va expliquer au jeune garçon que les espoirs sont minces. Il lui fait découvrir un cimetière qu’il a lui-même construit afin d’inhumer ces anonymes, victimes de leur traversée. Chamessdine doit également faire face à cette envie de vie meilleure, car sa propre famille cherche elle aussi à quitter la Tunisie pour la France, de façon clandestine. Tout comme le jeune Nasser, qui voit dans cette situation un moyen de s’enrichir comme passeur et d’en profiter pour avoir les moyens de soigner sa mère malade.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En faisant référence au roman noir d’Horace Mc Coy Un linceul n’a pas de poches, Laurent Galandon inscrit son récit dans une apparente fatalité, dans ce que subissent ces migrants qui traversent la méditerranée. Mais Le Dernier costume n’a pas de poche est au contraire une histoire pleine d’altruisme et d’espoir dans un contexte dramatique. Comme il l’explique dans son épilogue, Galandon a rencontré Chamessdine et a tellement été touché par son histoire qu’il a souhaité la raconter. Car même si nous voyons régulièrement ces drames dans les journaux, rares sont les témoignages directs, surtout ceux qui sont en première ligne, face à ces conséquences funestes, comme par exemple les tunisiens des côtes. Avec le parcours d’Abdoulaye pour retrouver sa mère, on ne peut que penser au jeune Aylan, mort en 2015 échoué sur une plage de Bodrum et ce qu’il serait devenu s’il avait pu toucher la terre ferme sain et sauf. Ainsi, le jeune garçon va rencontrer des gens qu’on pourrait penser hostiles, mais qui, au contraire, sont bienveillants, contrairement à nous autres européens, pourtant plus éloignés de tous ces évènements. L’altruisme de Chamessdine nous bouleverse quand on découvre ce cimetière des inconnus, qu’il a lui-même construit et qui, contrairement à son nom, donne une identité et une dignité à ces corps repêchés. On sort ému de cette histoire et les dessins de Paolo Castaldi illustrent parfaitement l’étincelle d’humanité qui s’en dégage par ses couleurs lumineuses.