L'histoire :
On a mangé la mer commence par mettre une scène un goéland volant au-dessus de l’immensité de l’océan, comme une métaphore de la liberté et de la vie, avant qu’on ne se rende compte que ce même goéland est surtout une victime du dérèglement de la nature, lié à l’exploitation de la pêche par l’homme. L’ouvrage révèle que les mers françaises ont perdu jusqu'à 80% de leurs poissons de fond, victimes d'une exploitation excessive. Cette situation résulte d'une combinaison de politiques publiques laxistes, d'une demande croissante des consommateurs pour des produits bon marché et d'une pression industrielle visant la rentabilité à court terme. Les pêcheurs, souvent perçus comme responsables, sont en réalité les exécutants d'un système qui les dépasse. À travers des témoignages d'activistes comme Claire Nouvian (association Bloom), de capitaines de navires et de personnalités comme Isabelle Autissier, le livre se découpe en chapitres alternant histoires et de la pêche industrielle et actions militantes, opposant les politiques capitalistes n’ayant pas conscience que l’océan est une peau de chagrin et mesures individuelles offrant un (mince) espoir pour un retour à un équilibre raisonné.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis quelques années, la bande dessinée a vu ses rayons se remplir d’ouvrages enquêtes/documentaires, soit tirés de vrais papiers (Sarkozy-Kadhafi : Des billets et des bombes) ou originales (Algues vertes : L'Histoire interdite). Cela permet à la fois de toucher un public plus large et/ou de rendre accessible par le biais du dessin, des affaires parfois complexes. Le succès récent de la bande dessinée de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain Un Monde sans fin, témoigne de l’appétence du public pour ce nouveau genre. On a mangé la mer participe de cette volonté de mettre un coup de projecteur sur un sujet encore trop délaissé par les médias : la mer. En cela, la bande dessinée de Maxime de Lisle et Olivier Martin est une enquête poussée qui donne en exemple des épisodes d’actualité précis et très documentés et alterne avec des passages didactiques et schématisés sur le fonctionnement de l’industrie ou celui de la biodiversité marine. Malheureusement, l’objet BD n’apporte ici pas de plus-value au documentaire, voire, il est contre-productif. Malgré les beaux dessins d’Olivier Martin, celui-ci se voit obligé d’illustrer tous les propos et situations (comme des conférenciers en conférence…), alourdissant la lecture et embrouillant nos cerveaux. Il nous faut alors faire preuve de persévérance pour en pas lâcher en cours de route. D’autant que, contrairement au Monde sans fin, il manque d’une touche d’humour permettant de mieux faire passer la pilule de ce qu’il peut ressembler à un cours magistral. Néanmoins On a mangé la mer nous en apprend beaucoup sur ce sujet et on salue l’engagement louable et nécessaire de Maxime De Lisle et Olivier Martin.
