L'histoire :
Silviano Landi ère sur une plage, se sentant visiblement mal. Lui, qui fut un écrivain inspiré, est emmené dans une clinique psychiatrique pour y être soigné. L'homme ne parvient plus à coucher des idées sur le papier. Il passe cependant son temps à dessiner une station-service et un arbre. Le manque de cohésion entre les dessins et l'état de l'artiste inquiète son entourage. Les médecins pensent très vite à des obsessions compulsives à orientation monothématique. Silviano est souvent plongé dans ses pensées, repensant aux récits que des gens lui ont racontés, ou qu'il a écoutés furtivement. Il se remémore cette guerre âpre où, dans les tranchées, deux hommes explorèrent les lignes ennemies, la mort les attendant au bout. Dans chaque récit qu'il se rappelle, il note la présence d'un arbre, toujours le même...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cinq ans après l'autobiographique Ma vie mal dessinée, Gipi est de retour avec un album attendu au titre délicieusement mystérieux : Vois comme ton ombre s'allonge. Le premier constat est immédiat. L'ancien journaliste italien livre probablement sa plus belle performance en terme de dessins. La variété des styles impressionne, du simple trait griffonné, à l'aquarelle réaliste, rien n'a été laissé au hasard. L'histoire proposée par Gipi paraît simple de prime abord, avec un écrivain qui a perdu l'esprit et confond son vécu avec celui de ses rencontres passées. Entre introspection et reconstruction, Gipi dépeint une histoire émouvante. En revanche, l'auteur se plaît à déconstruire son récit en explosant la linéarité narrative. Cela rappelle un peu la façon de faire pour Ma vie mal dessinée ou même sur S.. D'ailleurs, Vois comme ton ombre s'allonge est plus proche de ce dernier, en raison de la découverte progressive des pièces d'un puzzle, qui ne se révèle entièrement qu'en toute fin. Nébuleux au départ, le récit prend toute son ampleur une fois la lecture achevée et qu'on compare avec la précédente création de Gipi. L'impression d'avoir partagé un moment intime et poignant d'une vie...
