L'histoire :
Robert Walton est en expédition à bord d’un voilier dans les glaces de l’océan arctique. Il cherche à confirmer ou infirmer la théorie selon laquelle le pôle Nord est un paradis tropical, voire le jardin d’Eden. Mardi 25 juillet. À bord du bateau du Capitaine Walton, l’équipage a croisé maints bancs de glace dérivant autour du navire. Les hommes sont courageux et déterminés, tandis que le maître d’équipage, doté d’un excellent caractère, fait régner la discipline à bord avec beaucoup de douceur, ce qui est rare dans le milieu de la marine. Ça fait maintenant plusieurs jours que le navire a laissé la ville russe d’Arkhangelsk derrière lui et tout porte à croire que le Capitaine Walton sera le premier à découvrir un passage à travers les glaces du Pôle. Or le lundi 31 juillet, après un voyage difficile dans les eaux froides et déchainées, l’équipage déchante. En effet, les glaces se sont resserrées de tous côtés et cernent maintenant le bateau. La situation est critique. La brume épaisse qui s’est levée a obligé les marins à mettre en panne. Pourtant, quelques jours avant, les hommes du Capitaine Walton avaient pu explorer la banquise et pénétrer dans un autre monde, un monde à l’univers blanc, pétrifié et enveloppé dans le silence du froid et de la glace. Tributaires des conditions atmosphériques et climatiques, les hommes attendent avec impatience que les vents du Sud fassent céder les glaces et libèrent le navire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il est bien un récit qui continue de créer l’engouement autour de lui, c’est bien Frankenstein. Plus de deux siècles après sa naissance, le roman imaginé par Mary Shelley conserve encore cette capacité rare à dialoguer avec chaque époque et à tendre un miroir aux obsessions contemporaines. Cette version illustrée par l’artiste Stan Manoukian en apporte une preuve éclatante. Le récit est intact : un jeune savant animé par une foi démesurée dans le progrès franchit une limite qu’il ne sait ni nommer, ni assumer. Puis la créature, livrée au monde sans regard ni affection, devient le produit direct de ce rejet. Le monstre n’est pas celui que l’on croit : il se fabrique dans l’absence, le mépris et le silence. Ainsi, Shelley ne s’est pas contentée de mettre sur pied un simple récit d’épouvante, mais une réflexion sur la responsabilité, la solitude et l’éthique — des questions qui, aujourd’hui encore, sont d’actualité. De son côté, Stan Manoukian ne cherche jamais l’illustration décorative dans son travail graphique. Son dessin dense, sombre, presque minéral, colle à l’univers du récit. Le graphite et la gouache sculptent les corps et les paysages, tandis que les rehauts argentés introduisent une froideur industrielle, presque clinique, rappelant que cette créature est née d’un assemblage, d’un geste artificiel. En fin de compte, plus qu’une adaptation, cette édition propose une traversée sensorielle et mentale, où le récit de Shelley trouve un écrin à la hauteur de sa noirceur visionnaire.