parution 12 avril 2013  éditeur Gallimard  collection Fétiche
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Racisme

L' Etranger

Dans les années 30, en Algérie, un enchaînement de circonstances conduisent un jeune homme à être jugé pour meurtre. Une adaptation du célèbre roman d’Albert Camus parfaitement réussie.


L'Etranger, bd chez Gallimard de Ferrandez, Camus
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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©Gallimard édition 2013

L'histoire :

Algérie française, fin des années 30… Meursault est dans un car qui le conduit à Marengo. La veille, il a reçu un télégramme pour lui annoncer le décès de sa mère, pensionnaire d’un asile de vieillards. Il se rend donc dans l’établissement pour assister à son enterrement. Une fois encore, le soleil fait sa loi : inondant de luminosité et brûlant. Meursault a chaud quand il est reçu par le directeur de l’asile. Il écoute et parle peu, comme à son habitude : le directeur s’est occupé de tout. Il se rend ensuite dans la petite morgue où le cercueil de sa mère repose. L’enterrement est prévu le lendemain à 10h00. Meursault refuse qu’on dévisse le cercueil pour qu’il voie sa mère une dernière fois .Il veille le corps la nuit durant en fumant des cigarettes et en buvant du café avec le concierge. Il assiste le lendemain aux funérailles, apprend que sa mère était très liée avec l’un des pensionnaires. Meursault ne dit rien. Il ne souhaite pas faire sa connaissance. Il a simplement horriblement chaud et plisse les yeux en permanence pour fuir cette incroyable luminosité. A son retour à Alger, il se rase, fait un brin de toilette et décide d’aller se baigner pour se rafraîchir. Il retrouve par hasard Marie, une amie. Il se sent bien et invite la jeune femme au cinéma. On joue un film comique avec Fernandel. Meursault s’amuse et embrasse Marie. Plus tard ils passent leur première nuit ensemble dans l’appartement de Meursault...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Après avoir adapté L’Hôte (une nouvelle tirée de L'Exil et le Royaume), Jacques Ferrandez s’attaque à un autre texte d’Albert Camus, certainement l’un des plus connus à travers le monde : L’Etranger. Et c’est loin d’être un hasard, puisque Ferrandez connait son Camus sur le bout des doigts. Peut-être aussi parce qu’il y est infinitésimalement lié par le sol algérois : les grands parents du dessinateur vivaient en face de l’immeuble où Albert Camus a passé son enfance et son adolescence… Pour autant, la tâche est loin d’être aisée à glisser sa patte dans cette histoire dépouillée, inondée de lumière et ciselée autour d’un personnage singulier : Meursault. Tout commence par la mort de sa mère et tout se terminera par une invitation à se faire caresser le cou sur l’échafaud. Entre temps le portrait d’un homme quasi déshumanisé faisant le récit distancié des événements, sans émotion et surtout incapable de tricher avec la vérité. Il ne pleure pas sa mère, ose dire qu’il n’est pas amoureux, tue à cause du soleil… Peu importe ce que pensent les autres : il laisse l’existence suivre son chemin sans tenter d’en infléchir la courbe. Le récit titille ainsi les conventions sociales, chahute morale et bons sentiments, écorche famille et religion. Finalement, il démontre que Meursault est plus condamné pour ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère, que pour avoir tiré 5 fois sur un homme menaçant. Cette intention de mettre en scène « l’absurde » est parfaitement retransmise par l’adaptation. Surtout, elle n’étouffe jamais le texte et laisse l’œuvre de Camus impeccablement respirer. Le scénario est construit en deux parties. L’une baignée par l’éclatante luminosité d’Alger et son ciel évocateur de liberté. L’autre frappée du huis clos d’un tribunal ou délimitée par les murs d’une cellule de prison. Jacques Ferrandez pose sur de magnifiques aquarelles (double pages) ses vignettes dialoguées ou la voix off percutante du narrateur (Meursault). L’atmosphère est ainsi parfaitement restituée (lumière, pénombre, malaise, chaleur étouffante…) et l’essence du récit originel impeccablement livrée. Il y a également une très jolie mise en image de la ville d’Alger et une précision à faire de Meursault un homme réellement à part… Bref, l’exercice est on ne peut mieux réussi et donne réellement envie d’aller titiller le texte original. Et puis aussi d’attendre, pourquoi pas, une nouvelle belle adaptation de Camus par Ferrandez.

voir la fiche officielle ISBN 9782070645183