L'histoire :
Blaise est devenu un adolescent. Pourtant, rien n’a vraiment changé depuis ses dix ans : il est toujours aussi laid, idiot et galère plus que jamais avec la gent féminine. Taiseux, passif et soumis, il éprouve les pires difficultés à paraître cool, malgré l’étendue de ses efforts. Certains rétorqueront que c’est une victime, tant ses parents sont en dehors du coup : veules, mielleux et sans ambition, ils ont un peu sacrifié l’éducation de leur enfant sur l’autel de la pensée unique. De plus, Blaise évolue dans un monde cruel où la morale dominante est celle que chacun veut bien se donner : les attentats sont monnaie courante, les aventures télévisées de l’inspecteur Strauss passionnent la France et Pierre-André de Sainte-Odile, à la fois journaliste, écrivain, intellectuel et libre-penseur, est une véritable star de la télé, mais aussi le dépositaire du discours dominant. Enfin, les militaires surveillent tous les faits et gestes de la population, même les tricheries lors des contrôles de maths… Big Brother is watching you !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second tome présenté une nouvelle fois comme un recueil de gags à l’humour cynique, Dimitri Planchon n’a en rien perdu sa verve protestataire, ni même son côté pince-sans-rire. L’auteur, par le biais de l’absurde, se plait à pourfendre la société du paraître, incarnée par une petite famille bobo, lâche et hypocrite. Ce tome est l’occasion pour Planchon de pointer quelques travers de la société contemporaine : les dérives sécuritaires ou totalitaires (les militaires savent que Blaise a triché à un contrôle de maths !), la passivité occasionnée par les séries policières prémâchées, la surveillance à outrance, le harcèlement au travail, l’homophobie, le nombrilisme ambiant… Même les attentats sont devenus une habitude. On rit souvent à la lecture de Blaise, happés par la finesse et la fraîcheur des dialogues. En tête de cette critique sociale, Blaise, jeune adolescent taiseux sans personnalité, étouffé par des parents à côté de la plaque, et qui éprouve les pires difficultés à s’exprimer. Son imaginaire, peuplé de désirs refoulés et de rêves de gloire, est son meilleur allié. Pour la mise en forme, l’auteur utilise le même procédé graphique que dans le premier tome, à savoir le photomontage à l’informatique. Les personnages sont figés en général, seules les expressions faciales sont modifiées, pour un rendu très sobre. Sous la forme d’une satire grinçante condamnant la société consumériste, Planchon livre un pot-pourri pathétique de notre époque. Drôle et salutaire !
