L'histoire :
Tandis que l’aube se lève, une joggueuse court à la frontale, avec son chien, sur le haut des falaises bordant le littoral breton. Le jour s’est à peine levé, un vieil homme en maillot de bain fait des étirements sur la plage encore déserte. Une demoiselle maigrichonne et pourvue d’un large chapeau de soleil lit un livre assise sur le haut plongeoir en béton d’une piscine. Un pêcheur de crevettes se rend à son activité favorite en vélo le long d’un quai, habillé d’une casquette de marin, d’un ciré jaune et de bottes en caoutchouc. Son chien dans le panier a l’air tout excité ; trois mouettes se sont posées sur le manche du filet à crevettes, pour profiter du voyage. Sur le sable mouillé, à marée basse, de très nombreux pêcheurs de crevettes et de couteaux s’affairent avec leurs seaux et leurs râteaux. Seul un étonnant prospecteur s’est muni de son détecteur de métaux et d’un casque audio. Cinq enfants avancent d’un pas décidé vers la mer, en portant au-dessus de leur tête une planche de paddle. Dans une rame de métro, une femme uniquement habillée de son maillot de bain, d’un chapeau de soleil, d’un sac de plage et de tongs dénote au milieu des passagers en tenue estivale de ville…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
François Ravard est breton, fier de l’être, et ça se voit. Dans ce recueil de dessins dénués de légendes (mais pas de titres), il brosse des instantanés de la vie estivale sur une côte bretonne. Ça se déroule globalement sur une journée : ça commence par l’aube et ça se termine après le crépuscule. Entre temps, des gens vont pêcher. D’autres lisent. D’autres bronzent. D’autres se baignent. D’autres dessinent. D’autres voguent. D’autres se prélassent. Bref, des gens de tout âge et de toutes classes sociales profitent de l’été pour se délasser et s’adonner à leurs passions respectives. Ravard ne cherche absolument pas à faire de l’humour ou du gag : ce sont ici des instantanés de vie, hors du temps (il y a plus de livres que de smartphones !), qui font avant tout un bel hommage à la région d’adoption de l’auteur (Ravard est normand !). La veine de dessin stylisé et lyrique se rapproche de ce que faisait Jean-Jacques Sempé (Le petit Nicolas), avec des personnages plutôt maigrichous, dans un décor franchement littoral. Ce recueil à couverture souple s’inscrit dans le prolongement de ses précédents Pas un jour sans soleil et Vague d’amour.