L'histoire :
Clifford est un gamin qui cire des chaussures dans le New York des années 30. Il voit défiler de riches hommes qui le méprisent, rêve en rentrant chez lui de pouvoir acheter un livre d'aventures policières qu'il regarde dans la vitrine d'un libraire. Sa mère travaille dans une laverie, très respectée par son patron, mais pas au point d'accepter l'avance sur salaire dont elle aurait besoin. Ils vivent seuls et très modestement, mais ils s'en sortent. Jusqu'à ce qu'un règlement de compte qui tourne mal blesse mortellement la jeune femme. Clifford se retrouve seul, il refuse l'aide que lui propose l'un des deux membres de gangs qui s'en veut de la tournure des évènements. Il finit par s'enfuir. En se réfugiant dans un wagon de train de marchandises, il tombe sur un personnage hors du commun : Bojangles. Avec sa guitare, il l'emmène à la Nouvelle Orléans où il va découvrir la musique, les bars où se jouent des concours de jazz entre musiciens, et où il va découvrir qu'il a un don particulier pour la musique. C'est le début d'une aventure individuelle faite de succès et de déceptions, de hauts et de bas, dans les années d'explosion du jazz et de naissance des premières stars du genre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette longue saga raconte, sur plus de 150 pages, toute la vie d'un musicien imaginaire au milieu des stars des premières décennies du jazz. Le jeune garçon qui rêvait de bien gagner sa vie va découvrir qu'il a un don absolu, et devenir un trompettiste reconnu dans le milieu. Sa vie pourtant ne sera pas simple. Le scénariste Tommaso Valsecchi a choisi de faire passer à travers son personnage toutes les épreuves possibles de la vie des musiciens. L'incertitude du cachet des prochains soirs, la fréquentation de milieux parfois louches, l'addiction à la drogue, la réussite, puis la chute, les désillusions amoureuses, la solitude, tout cela dans un ordre pas forcément chronologique. L'album commence dans une atmosphère dure, mais avec un fond d'optimisme. Il devient de plus en plus sombre : rien ou presque n'est épargné à Clifford, dont on est témoins de la vie. Ce développement surprend un peu et peut donner la sensation d'un misérabilisme un peu poussé. On aurait probablement aimé se poser un peu avec le musicien pour partager ses sentiments lors des moments forts... mais tout s'enchaîne sans beaucoup de respiration. La mise en scène de cette histoire est néanmoins dynamique, sur un trait semi réaliste dans la lignée de l'école espagnole, même si Riccardo Rosanna est italien et a étudié à Milan. Ce pavé ado-adultes donne néanmoins l'envie d'aller écouter Charlie Parker, que Clifford croise avant que le saxophoniste meure à 35 ans à peine, épuisé par une vie d'excès et de drogues.
