L'histoire :
En 1588, en pleine crise religieuse et politique européenne, l’écrivain anglais Christopher Marlowe sert de mercenaire sur le front des Flandres espagnoles. Il est engagé contre ses compatriotes aux côtés d’un autre mercenaire, l’allemand Georg von Teufel, qui semble avoir vécu 1000 vies et remporté 10 000 batailles. Le choc est rude entre les armées anglaises, protestantes, et espagnoles, catholiques. Von Teufel, Marlowe et les espagnols en sortent victorieux et se congratulent. Or Marlowe a une mission, un contrat d’exécution à honorer : assassiner celui qu’on dit immortel, le diable personnifié, son camarade von Teufel. Et celui-ci a bien compris les intentions in fine de son « ami »… Mais pour l’heure, les deux se vouent un respect mutuel et continuent de faire route ensemble, en devisant sur leur conception désillusionnée du bas-monde terrestre. De retour à Anvers après leur succès, ils rendent compte à leur maître, le duc de Flandres Alexandre Farnèse, qui prépare son « invincible armada ». VonTeufel négocie des gages à la hausse pour ses hommes. Le soir venu, les deux hommes croisent Meredith Philip Stonewall dans un pub. C’est le moment que choisit von Teufel pour provoquer Marlowe en duel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A mi-parcours de cette trilogie (en devenir), le scénariste Philippe Pelaez s’inspire de l’œuvre et du destin trouble de William Shakespeare, pour en extirper une sorte de thriller fantastique et historique à la fois littérairement érudite et narrativement nébuleuse. Cet ancien prof d’anglais, assurément fana de l’œuvre du célèbre dramaturge britannique, se fait un plaisir coupable en triturant le mythe et en le mêlant à l’ésotérisme. Tous les acteurs obscurs de cette période sont réunis pour composer des manigances politiques, des contrats d’assassinat, des pactes faustiens, des combats sanglants dans des chocs martiaux… et entre deux, ils palabrent avec un verbe d’une grande élégance sur le sens de la vie, qui les oppose et les réunit. Au cœur de ce second tome, l’écrivain trouble Christopher Marlowe embrasse le rôle d’espion et de mercenaire qui fut réellement le sien, en plus de son œuvre. Pelaez honore Marlowe pour son génie littéraire, mais il le double d’une fieffée canaille des bas-fonds élisabéthains, qui a comploté, assassiné, trahi, négocié avec des créatures diaboliques et s’est finalement substitué à Shakespeare. Du petit lait pour les crayons réalistes d’Eric Libergé, qui se complaisent naturellement de ce registre historique et ésotérique. Le dessinateur nous immerge admirablement dans cette époque encore obscure, de cape et d’épée, avec toujours le souci de la surcharge de décors et de détails, et une colorisation au lavis majoritairement monochrome.