L'histoire :
En cette année 1836, le Texas est indépendant depuis peu, encore sous influence espagnole, séparé du Mexique. Le Président mexicain Santa Anna veut le reconquérir, mais il est convoité par les Etats-Unis. Au Fort Alamo, commandé par le Colonel Bowie, seulement 180 soldats défendent la position contre l'armée de quelques milliers d'hommes de Santa Anna. Le fort recevra l'apport de pionniers volontaires, dont le célèbre Davy Crockett. Le capitaine Dickinson prend son service, accompagné de sa femme et sa fillette. Travis, un autre officier supérieur, arrive au camp pour le défendre avec son détachement, et il déteste Bowie (c'est réciproque). L'armée mexicaine est annoncée pour atteindre le fort très bientôt. Pris de panique, le commandant du Fort demande au Président du Texas (le premier, Houston) des renforts, qui ne viendront jamais, car il ne croit pas en l'invasion mexicaine... Mais inévitablement, après une rude bataille, les mexicains entrent dans le fort et massacrent beaucoup d'hommes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La célèbre bataille de Fort Alamo, souvent décrite du côté américain, est mise ici en perspective. Comme pour Little Big Horn dans cette même collection historique consacrée aux westerns, cet album éclaire les raisons, le contexte de la situation politique, militaire, sociétale, qui a amené ce paroxysme guerrier. Du saloon au fort, des appartements luxueux de Silveston à San Antonio de Bejar au Texas, le lecteur est transporté un siècle auparavant, dans un Etat hispanisant, pas encore pris par les Etats-Unis. Le récit est donc instructif, détaillé, dense, riche de nombreuses cases, qui donne une impression forte de véracité. Preuve du sérieux de la démarche et du soin apporté, l'équipe d'auteurs est pluridisciplinaire. Au scénario, Mathieu Gabella a structuré son récit fourmillant de détails en mettant bien en lumière les nombreux personnages. L'italien Paolo Martinello, assisté d'une équipe de compatriotes, a réalisé un travail excellent dans la précision des scènes, le foisonnement dans les décors, costumes et armes. L'ensemble doit une partie de sa qualité visuelle à Ronan Toulhoat, dessinateur désormais reconnu, notamment en BD historiques et en western, par son travail de découpage (storyboard). La véracité et la profondeur historiques sont garanties par Farid Ameur, spécialiste des Etats-Unis, déjà responsable de ce domaine pour l'ensemble de la série. Cet album riche prend plus de temps de lecture que d'habitude, pour notre grand plaisir. Un travail qui mérite d'être reconnu.