parution 01 octobre 2008  éditeur Glénat  collection Caractère
 Public ado / adulte  Mots clés Guerre / Historique

Il était une fois en France T2

Le vol noir des corbeaux

Emporté par un sens des affaires exacerbé, Joseph Joanovici, ferrailleur milliardaire juif, pactise avec le diable durant l'occupation nazie. Suite d'une fresque de guerre remarquable et époustouflante (au bas mot).


 Il était une fois en France T2 : Le vol noir des corbeaux (0), bd chez Glénat de Nury, Vallée, Delf
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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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©Glénat édition 2008

L'histoire :

En juin 1940, c’est la débandade sur les quais de la Rochelle. Par tous les moyens, les juifs tentent de fuir l’Europe alors tombée sous le joug nazi, pour rejoindre les USA. Joseph Joanovici, ferrailleur d’origine roumaine, autodidacte rusé et ambitieux, et dont le sens des affaires particulièrement affuté a assuré une prodigieuse réussite, est de ceux-là. Sa femme Eva, ses filles et ses valises sont prêtes, le billet de voyage a été grassement réservé en 1ère classe… Et pourtant Joseph décide au dernier moment de ne pas partir. En effet, il a déniché un faussaire très doué capable de masquer leurs origines sur leurs papiers et il flaire qu’il reste bien des affaires juteuses à passer avec les boches, sur un marché du métal en pleine expansion (guerre oblige) et qu’il connait on ne peut mieux. Malgré les protestations d’Eva, dont il confie la protection à son frère Marcel, il retourne à Paris en compagnie de sa fidèle assistante – et amante – Lucie. Il ré-ouvre aussitôt son entreprise et fait trafiquer les papiers de tous ses employés d’origines juives. Peu de temps après, il reçoit la visite d’un ponte du IIIe Reich, qui lui explique le contexte et ses besoins. Coincé entre son sens des affaires et une forme de patriotisme de confession, Joseph parvient tant bien que maol à tirer le meilleur profit de la situation, dissimulant sans scrupule, mais sans illusions non plus, ses origines. C’est le début d’un engrenage mercantile particulièrement malsain, qu’il initie en compagnie d’Hermann « Otto » Brandl…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Fabien Nury et Sylvain Vallée continuent leur géniale saga au cœur de la seconde guerre mondiale, dans le registre assumé de la fresque à la Sergio Leone. Pour ce faire, nous suivons le destin unique d’un personnage sulfureux et réel – quoiqu’oublié de nos livres d’Histoire – Joseph Joanovici. La réussite industrielle et financière de cet immigré roumain d’origine juive prend pour cadre l’un des contextes économiques et sociaux les plus épouvantable de l’histoire de notre pays. De fait, sa destinée ambigüe sera sujet à controverse: Joanovici était-il patriote ou collabo ? Assurément, Fabien Nury lui accorde un sens des affaires et du risque particulièrement affuté. Dans ce second tome, les évènements tragiques dépassent toutefois les desseins de l’homme, frontalement confronté cette fois aux limites de sa vénalité. De fait, le récit devient encore plus tendu, encore plus haletant que le premier tome ! (et oui, c’était donc possible). Nury, montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent, en rythmant le récit avec brio. Le scénariste alterne toujours (quoiqu’un chouya moins) les époques, pour la meilleure approche possible de son sujet, avec une fluidité narrative rare. Immédiatement, on est à nouveau happé par le souffle épique et historique de cette fresque de guerre mélangeant la fiction et la réalité, pour le meilleur des résultats. Rarement une BD aura donné une telle impression de cinémascope. On entendrait presque la bande son, on ressentirait presque les effets de travelings et le grain de la pellicule. Au top de son art, Sylvain Vallée emploie très régulièrement des cadrages panoramiques, sur toute la largeur de la page. Ses cases sont détaillées à tous points de vue : casting de personnages impeccables, décors réalistes fouillés, cadrages impeccables, même la colorisation de Delf emprunte aux teintes sobres des années de guerre. Oui, les superlatifs s’accumulent, mais l’œuvre les mérite amplement. Vivement la suite et pourvu qu’ça dure (longtemps) !