parution 01 septembre 2021  éditeur Glénat  Public ado / adulte  Mots clés Historique / Shoah

L' Enfer est vide, tous les démons sont ici

L’enfer est vide, tous les démons sont ici emprunte la citation de Shakespeare pour retracer le jugement historique du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, sur le sol Israélien. Un jugement théâtral sur fond de peine de mort.


L'Enfer est vide, tous les démons sont ici, bd chez Glénat de Bardiaux-Vaïente, Kerfriden
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Glénat édition 2021

L'histoire :

Avril 1961, Jeanne Amelot est une journaliste française débarquant à l’aéroport de Tel-Aviv pour couvrir l’actualité chaude du moment : le premier jugement d’un criminel de guerre nazi sur le sol Israélien. Dans le bus la menant au centre-ville, elle rencontre Hannah Arendt, philosophe juive d’origine allemande, venue assister au procès pour le fameux journal américain « New Yorker ». Sur place, la journaliste française est attendue par Shimon Abécassis, rédacteur en chef d’un journal local. La rencontre est plutôt froide. Abécassis se demande pourquoi Jeanne, qui n’est pas juive, souhaite couvrir l’événement. Certainement la peur de la critique d’un procès partial et politisé. D’ailleurs, Robert Servatius, l’avocat d’Eichmann, demande la révocation des juges car ces derniers sont juifs et que le crime reproché à son client est l’assassinat en masse de juifs tués en tant que tels. Leur partialité ainsi que leur objectivité est mise en doute. Argument balayé très rapidement par les juges au nom du droit et non de l’idéologie. Eichmann doit répondre de quatre crimes envers le peuple juif, de sept crimes contre l’humanité, d’un crime de guerre ainsi que de la participation à trois organisations hostiles. Cependant, ce n’est pas le verdict qui va être historique mais plutôt la réaction à ce dernier...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le procès d’Adolf Eichmann en avril 1961 est historique. C’est effectivement la première fois qu’un criminel de guerre nazi est jugé sur le sol Israélien. Passons l’épisode de sa capture, qui est jugée « non conventionnelle », violant le droit international ainsi que la souveraineté de l’Etat argentin. A l'époque, David Ben Gourion, premier ministre Israéliens, souhaite plus que tout son « Nuremberg du peuple juif ». Ainsi, avec cette pression politique et un collège de juges juifs pour suivre le procès, le doute quant à la partialité des débats et du jugement est permis. La ligne de défense d’Eichmann est sensiblement la même que l’ensemble des criminels jugés à Nuremberg : obéir ou mourir. Dans ce procès, le poids du jugement est anecdotique, car connu de tous dès l’arrestation d’Eichmann. Il ne serait pas galvaudé d’estimer que ce procès alibi a pour but d’assoir l’autorité du nouvel état d’Israël et par la même occasion renforcer la légitimité du parti politique du premier ministre. Cependant, outre ces considérations politiques, ce qui rend ce procès historique est la demande de grâce de nombreux intellectuels internationaux juifs demandant l’emprisonnement à vie, en lieu et place de la peine capitale. Ces derniers ont peur de l’impact d’une telle décision sur l’image du génocide et sur la signification historique du procès. Dans cet album, les auteurs retranscrivent factuellement le déroulement du procès. Marie Bardiaux Vaïente, scénariste, réussit à exposer les différents points de vue en préservant la neutralité du propos. L’album est une porte d’entrée sur le procès et les personnages emblématiques ou controversés, selon chacun, qui ont fait partie ou qui ont couvert les débats. Hannah Arendt, mériterait un album pour exposer ses réflexions sur le totalitarisme ou encore la banalité du mal. Au niveau du dessin, Malo Kerfriden réalise un très gros travail graphique avec pas loin de 130 planches sur un trait réaliste. Pas évident, pour lui, de rendre dynamique un album plaçant l’action dans un tribunal fermé. Cependant, le découpage des planches et la variation de la taille des cases rend moins monotone la lecture. Au niveau des couleurs, l’auteur choisit la bichromie en bleu et jaune. Ainsi, cet album bien réalisé et fort de sens, ouvre une porte sur un procès dont le jugement n’est pas la conclusion mais le terreau de l’idéologie de l’abolitionisme de la sanction capitale.

voir la fiche officielle ISBN 9782344040041