L'histoire :
Cet ouvrage n’est pas une bande dessinée à proprement parler, mais un recueil de dessins de presse réalisés par des caricaturistes et journalistes de la presse suisse. Tour à tour, ils se moquent des nombreux sujets d’actualité qui ont façonné 50 ans de construction européenne. Leurs dessins abordent diverses thématiques enchainées en autant de séquences : la question de l’adhésion, la crise, Bruxelles, la création de l’Euro, le secret bancaire, la fiscalité, les accords économiques, le foot, le problème grec, quelques particularités nationales, les Roms ou la burqa… Ce florilège est entrecoupé de citations acerbes d’hommes politiques, du type : Quand l‘Europe ouvre la bouche, c’est pour bailler (François Mitterrand). Ou encore : L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c'est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? (Paul Valery)
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous sommes en 2011 après Jésus Christ. Tous les pays d’Europe se sont constitués en une seule unité économique et politique. Tous ? Non… Car un pays peuplé d’irréductibles suisses résiste encore et toujours à la communion confraternelle. Et la vie n’est pas facile pour les pays frontaliers de France, d’Allemagne, d‘Italie et d’Autriche… Ainsi aurait pu débuter cet ouvrage, qui n’est pourtant pas une BD, mais un recueil de dessins politiques édité par Glénat, au sein d’une collection qui compte déjà Le foot, la France et la Crise vu(e) par les suisses. Entamée il y a 50 ans, la construction de l’Europe économique et politique est une utopie devenue (partiellement) réalité. Pour faire face à l’adversité mondiale (et étouffer les rivalités intérieures), 27 pays d’une même zone géographique se sont en effet unifiés… sauf un : la Suisse. Arc-boutée sur son principe d’indépendance (et ses intérêts fiscaux), la confédération helvète fait non seulement bande à part, mais se permet donc, en outre, l’outrecuidance de se foutre de notre poire. 14 caricaturistes réunissent dans ce recueil leurs meilleures productions sur le sujet, agglomérées en séquences thématiques (voir résumé). Sarcastique ou allégorique, suggéré ou punchy, le talent corrosif fait ici souvent mouche. Logiquement, les styles graphiques sont très hétéroclites : du plus sommaire (Mix et Remix) aux plus chiadés (Burki ou Patrick Chappatte). Mais comme souvent, s’agissant de ce registre humoristique particulier, l’effet comique est totalement indépendant de ce paramètre. Car la Suisse est aussi le poil à gratter de l’Europe sur le plan caustique, en matière de dessins de presse. Au grès des innombrables pierres et entraves portées à l’édifice européen, les journalistes et caricaturistes helvètes s’en sont donnés à cœur joie pour stigmatiser cette construction à laquelle ils n’ont jamais adhéré.
