L'histoire :
Une fois de plus, la petite Nipsou se retrouve seule à la maison, avec sa maman endormie profondément dans un transat du jardin. Elle a beau la secouer, sa maman ne se réveille pas. La bouteille de bière (vide) qui se trouve à ses pieds doit avoir sa part de responsabilité. Nipsou a peur que sa maman soit morte. Enfin, elle finit par ouvrir un œil… et prétexte être très fatiguée. Tel est pourtant le quotidien chez Nipsou depuis que son papa est parti vivre à l’étranger. Sa maman picole et ne s’occupe plus d’elle. Parfois elle ne rentre pas de la nuit et Nipsou fait des terreurs de solitude abominables. Elle appelle ses amies au téléphone, qui tentent de la rassurer… Mais celui qui l’a rassure le plus, c’est encore son chat en peluche Viljo. Nipsou lui parle, comme pour se rassurer des décisions qu’elle doit prendre. En rêve, c’est pas mieux : elle voit des ombres adultes menaçantes qui viennent arrêter et emmener sa maman dans les limbes immatérielles obscures. Où elle imagine sa maman sous forme de cadavre, énucléée et en sang. A l’école primaire, Nipsou est harcelée par ses petits camarades. Pour éviter les brimades, elle prétexte avoir la migraine et passe ainsi son temps dans une pièce calme avec un lit, où elle peut se reposer et surtout se protéger de ses tortionnaires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album réalisé par la finlandaise Kimmo Lust en autrice complète a reçu le prix Finlandia 2023 (la meilleure BD Finlandaise). Kimmo Lust y livre le témoignage authentique et poignant de son enfance et de son adolescence, aux côtés de sa mère alcoolique. Par pudeur, elle ne montre jamais cette dernière en train de boire... Tout au plus, les cases focalisent sur une bouteille de bière. Kimmo Lust insiste alors sur les états dans laquelle sa mère se retrouve plongée, avec plus ou moins de sévérité, du fait de l'alcool : elle est dépressive, apathique, sordide, endormie, démissionnaire, propre à rien, littéralement « liquide » par moments et à d'autres, tout simplement absente. De fait, l'autrice enfant, puis ado, accuse le coup d'une solitude extrême face à l'addiction de celle qui aurait normalement dû survenir à son éducation, à son enrichissement culturel, à sa protection. Le roman graphique fonctionne par chapitres indépendants mais chronologiques, avec parfois de gros gaps temporels entre eux. Cela débute lorsque « Nipsou » est une enfant innocente et se termine lorsqu'elle-même, adulte, se retrouve enceinte de son premier enfant, en passant par sa phase gothique et autodestructrice (on le serait à moins). Le trait de dessin très rond et stylisé, aux bords pleins et finis, se complète d'une colorisation volontairement fade... d'une tristesse absolue. Comme le ton général de cette autobiographie poignante.