L'histoire :
En 1926, entre deux prises de vues, le réalisateur de cinéma John Ford, spécialiste des westerns, discute avec un consultant sur un plateau. Agé de 78 ans, ce dernier a été cow-boy, officier, et même shérif… il s’appelle Wyatt Earp et raconte au réalisateur la fusillade qui l’a rendu célèbre, à Tombstone, Arizona, dans la rue jouxtant le OK Corral, en octobre 1881. Ford reste dubitatif sur la véracité du narratif que lui fait Wyatt Earp, alors même que ce dernier était acteur authentique de la scène. Ford sait que les vainqueurs ont tendance à enjoliver les faits en leur faveur, à leur gloire. Wyatt Earp sort d’Hollywoodland et rentre chez lui, à son appartement de Los Angeles. Son monde a bien changé en 45 ans. Les rues sont pleines de voitures… Son épouse lui demande si son projet de biographie avance. Earp est nostalgique. Il a des réminiscences du passé. Notamment le souvenir prégnant de la mort de son frère, dans ses bras, en 1882, suite à une autre fusillade. Deux ans plus tard, c’est sur le plateau d‘un autre western de Cecil B. deMille qu’il discute avec un jeune acteur prometteur, Marion Mitchell Morrison, qui va bientôt changer de nom pour prendre comme pseudonyme John Wayne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le fameux « règlement de comptes à OK Corral », qui s’est authentiquement déroulé à Tombstone le 26 octobre 1881, a été mainte fois illustré au cinéma et en bandes dessinées. Mais puisqu’on a tendance à imprimer la légende plutôt que la vérité, lorsque celle-ci s’en trouve enjolivée, qu’en fut-il exactement ? Avec la complicité de divers artistes réunis en studio – Rey Macutay réalise le storyboard ; Scietronc et Thomas Tcherkézian se chargent du dessin ; Bruno Furlani et Charlotte Lebreton s’occupent des couleurs – le scénariste Jean-David Morvan nous propose de remettre la fusillade au milieu du village. Et comme toujours dans la collection La véritable histoire du far-west, un dossier final de 8 pages pose la cerise pédagogique et iconographique finale sur le gâteau, cette fois cuisiné par le conseiller historique Farid Ameur. Alors voilà : mus par une tension paroxystique, les 3 frères Earp et Doc Holliday se sont ce jour-là entretués dans une ruelle avec le clan Clanton et McLaury. Bilan en 30 secondes : 3 morts et pas mal de blessés. Après l’introduction au cœur du sujet par la fusillade en flashforward, les auteurs rétropédalent et brossent l’atmosphère délétère du patelin, la mentalité largement truande de tous bords à l’époque, à laquelle on était facilement chatouilleux de la gâchette. Narration et dessin sont très techniques, étayés historiquement, très professionnels tant dans les cadrages que dans la rythmique… mais cette manière d’exposer le sujet manque tout de même d’âme. A travers le dessin très précis dans les plis alambiqués des chemises, les visages des moustachus frangins Earp se ressemblent tous. On a aussi tendance à se perdre lorsque les dialogues se placent à plusieurs dizaines, voire centaines de mètres des protagonistes (souvent sans les montrer), afin de donner du rythme au découpage tout en permettant la contextualisation.