L'histoire :
Au cœur de l’ère industrielle, sur une ile isolée, un vieux scientifique nommé Rossum trouve la formule permettant de reproduire des humains. Son neveu y voit l’opportunité de créer des clones humains destinés à servir l’homme et à l’exempter du labeur du travail. Afin de maintenir ces humanoïdes au service des humains, ils les délestent de tout sentiment, d'émotions et ne gardent que l’intelligence et la mémoire pour les réduire à de simples machines. Sans le savoir, ils créent les Robots. Des années plus tard, l’usine R.U.R (Rossum Universal Robot) bat son plein et livre au monde entier ces robots qui exécutent tout type de tâches, faisant le bonheur de son Directeur Domin. Helena, jeune femme idéaliste, ne peut cacher son effroi et sa peine devant l’exploitation de ces êtres froids, sans âmes et exploités. D’autant plus qu’ils ressemblent traits pour traits à des humains. Cependant, Helena va épouser le directeur Domin et insister auprès de lui pour donner à ces robots un semblant d’émotion, voire le ressenti de la fatigue. Arrive le jour où ces robots doués de raison, se soulèvent en masse contre leurs créateurs et souhaitent l’anéantissement total des humains.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
RUR est une célèbre pièce créée en 1920 par le tchèque Karel Čapek, surtout connu pour avoir utilisé pour la première fois le mot Robot, tirée de robota signifiant « corvée » en tchèque. Sa compatriote Katerina Cupová adapte en bande dessinée cette histoire de soulèvement des machines, réflexion sur le travail, la place de l’homme dans un monde industriel et surtout sur la soumission et la dépendance de l’homme à la technologie. La fin du XIXème siècle étant marquée par la révolution industrielle et le début du XXème par la guerre mondiale et la naissance du marxisme, l’histoire que raconte RUR est une réflexion sur cette période riche en bouleversements. Mais en adaptant cette BD et en nous la faisant (ré)découvrir, Cupová nous prouve que cette œuvre considérée comme de la science-fiction était en réalité une œuvre d’anticipation. Certes les humanoïdes n’existent pas (encore), mais notre dépendance à nos smartphone, doués d’une voix et d’une intelligence artificielle ne sont pas si éloignés des robots de RUR. Magnifiquement mis en image et colorisé, le style de Cupová est un hommage aux traits des strips américains du début du XXème. Ils rappellent aussi la poésie graphique de Fred (Philémon) et de Joann Sfar. Un magnifique ouvrage qui vous obligera à laisser de côté vos téléphones le temps de sa lecture.
