parution 27 août 2025  éditeur Glénat  Public ado / adulte  Mots clés Fantastique - Etrange

Sans voix

Une œuvre visuellement réussie, dont le propos ambitieux reste partiellement exploité.


Sans voix, bd chez Glénat de Atzei, Bolognini
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

L'histoire :

Awaré est livreur de repas à domicile. Toujours en retard, il se fait quotidiennement réprimander par son chef. Il parcourt à toute vitesse les rues de Mokmok, capitale de l’île de Muon, à bord de son vélo. Cette ville est silencieuse : seuls les bruits urbains s’y font entendre. Les habitants, à l’apparence animale, ne parlent plus. Leur bouche n’a qu’une seule fonction : se nourrir. La voix est désormais considérée comme « un vecteur de diffusion de la haine ». La communication ne s’effectue plus que par écrit, à travers divers outils numériques. Ainsi, la spontanéité est sacrifiée au profit de la réflexion. En général, les habitants naissent avec une bouche et une voix, qu’ils perdent durant l’enfance : c’est un signe de maturité. Mais il existe une exception : Awaré, le personnage principal, il parle encore, un trait qui le rend unique. Un jour, Awaré renverse accidentellement une jeune musicienne, Reby, qui se trouve sur son chemin. Depuis cet incident, une belle relation se noue entre eux. Reby souhaite retrouver sa voix, comme celle de sa mère défunte, qui était chanteuse. Ensemble, ils entreprennent des recherches pour qu’elle atteigne son objectif. Au détour d’une rue, ils croisent Moroi, une jeune fille que Reby semble reconnaître, mais qu’elle feint d’ignorer. Plus tard, lors d’une livraison, Awaré se retrouve par hasard chez cette mystérieuse inconnue. Elle lui confie qu’elle s’est fâchée avec Reby dans leur jeunesse, et qu’elle aimerait renouer le contact. Awaré lui promet de l’aider. Avec l’aide de Moroi, qui se révèle être la fille du maire, ils découvrent l’origine de la perte de voix. Et si le capitalisme se cachait derrière cette malédiction ?

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le trio italien livre ici une œuvre singulière, centrée sur les thèmes de l’amitié, de l’entraide et, surtout, de la communication. Les deux scénaristes, Alessandro Atzei et Manuele Morlacco sont tous les deux musiciens de formation. Ils font le choix audacieux de priver leurs personnages de voix, un parti pris paradoxal mais intriguant, compte tenu du sujet traité. Dans cette ville fictive où le langage oral a été proscrit, la parole spontanée est perçue comme un vecteur de haine, nuisible à la bienveillance et source d’inégalités liées à la maîtrise du langage. En réaction, seule la communication écrite subsiste, favorisant des échanges plus réfléchis. Cette idée, pertinente et originale, interroge les limites et les dérives du langage oral. Toutefois, le traitement de cet univers reste en demi-teinte. L’aspect animalier des personnages, aurait pu enrichir le propos en élargissant les modes d’expression possibles (chants, cris, sons propres à chaque espèce) est inexploité. Au moment où les protagonistes retrouvent l’usage de la parole, ils s’expriment tous dans un langage unique, effaçant ainsi les différences que leur apparence aurait pu suggérer. Le potentiel métaphorique de cette diversité animale est donc peu exploité, ce qui affaiblit la portée symbolique du récit. Sur le plan graphique, Lidia Bolognini propose un univers visuel marqué par l’influence du manga. Les personnages, expressifs et dynamiques, se distinguent par leurs yeux démesurés et leurs attitudes vives. Les décors sont particulièrement soignés, avec une mention spéciale pour la boutique de fleurs, véritable bijou visuel. Certaines compositions en plongée offrent de superbes perspectives, révélant l’intérieur des habitations avec une grande finesse. L'œuvre séduit par son ambition et sa direction artistique, mais elle aurait gagné à aller plus loin dans l’exploration du sujet.

voir la fiche officielle ISBN 9782344069738