L'histoire :
Automne 1998. Wladyslaw achève la réalisation du reportage qu’il consacre au massacre de Katyn, une de ces nombreuses horreurs qui ensanglantent la seconde guerre mondiale. Avant le montage final, il en montre la première mouture à Elzbieta, la fille d’un des protagonistes polonais de l’affaire. Dans celui-ci, on voit son père trahi, emprisonné, puis déporté par les soviétiques, qui réussit à s’évader. Engagé dans la résistance, il n’a alors de cesse de lutter contre les occupants russes et allemands qui se partagent la Pologne. Après la rupture du pacte germano-soviétique, la découverte du charnier de Katyn dans l’ancienne zone russe vient semer le trouble parmi les alliés. Qui sont les coupables ? Allemands ou soviétiques ? Malgré les évidences, l’URSS nie ces crimes, accusant l’Allemagne de les avoir perpétrer et les polonais de connivence avec les nazis. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Katyn, considéré comme un des actes fondateurs de la Pologne communiste, doit demeurer affaire classée. Après s’être débarrassée de l’intelligentsia polonaise en 1940, l’armée rouge, le NKVD et le KGB s’efforcent de conserver cette affaire au secret et finissent d’éliminer les derniers témoins qui pourraient les dénoncer. Le final permet à Wadislaw et Elzbieta de trouver leur vraie place dans cette Histoire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette œuvre va bien au-delà de l’univers de la BD. Montée comme une suite de témoignages de survivants et de complices, involontaires ou contraints, elle s’attache à dénoncer le communisme totalitaire. D’abord comme complice du nazisme sur le statut de la Pologne, puis comme bourreau de ce peuple, avant d’essayer de se faire passer pour la solution salvatrice au plan international, idée difficilement acceptée par les polonais. Richement documentée et précise dans son propos, cette passionnante et prenante enquête se double d’une très belle réalisation graphique et scénaristique. La quasi monochromie des planches, telles des images d’archive, ainsi que les extraits des interviews menées par Wadislaw, renforcent son aspect documentaire. Les représentations des protagonistes, souvent silhouettes aux traits indéfinis, soulignent l’oubli dans lequel les dirigeants soviétiques, par leurs manipulations et menaces, ont su plonger les faits. Ce récit est une invitation à pousser plus loin l’investigation, à l’heure où la Pologne fait son entrée dans la Communauté Européenne…