L'histoire :
Andreï Sakharov est un brillant physicien soviétique, surtout connu pour être le père de la bombe H soviétique, la Tsar Bomba, l’engin le plus destructeur jamais créé par l’homme. Après avoir servi comme pompier durant la Seconde Guerre mondiale, il reprend ses études loin du front et rejoint ensuite l’Académie des sciences. Il refuse dans un premier temps d’intégrer l’Institut de recherche nucléaire, préférant se consacrer à ses travaux sur l’infiniment grand et l’infiniment petit. Mais ce que le gouvernement veut, le gouvernement finit toujours par l’obtenir. Sakharov est finalement contraint de rejoindre « l’installation », un site secret dédié au programme atomique soviétique. C’est là qu’il mettra au point la célèbre bombe avec une équipe de scientifiques. Loin d’en tirer fierté, il éprouve rapidement une profonde culpabilité et prend peu à peu conscience de la manipulation que subit son peuple.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tsar Bomba retrace avec précision et sobriété la création de la bombe atomique soviétique la plus puissante jamais conçue. Le récit est porté par un choix audacieux, faire d’Andreï Sakharov, père de la bombe H soviétique, le narrateur de sa propre histoire. Ce point de vue intime apporte un éclairage original, bien que le ton, souvent soutenu et technique, puisse parfois rendre la narration un peu rigide. Le récit est entrecoupé de trois interludes marquants, dans lesquels Sakharov raconte des cauchemars liés à la bombe. Ces séquences oniriques, inventées pour la BD, permettent d’explorer de manière symbolique la culpabilité, les doutes et les angoisses du personnage, tout en offrant une respiration visuelle et narrative bienvenue. L’album a le mérite de plonger le lecteur dans la logique implacable de la course à l’armement nucléaire, mais du côté soviétique, ce qui reste rare. Sans sombrer dans le documentaire pur, la BD parvient à faire ressentir toute l’ampleur destructrice d’une bombe atomique, tant sur le court que sur le long terme. Graphiquement, le style ligne claire, très moderne et proche de l’infographie, fonctionne à merveille et rappelle un peu les affiches de l’époque soviétique. Le dessin est maîtrisé, épuré, efficace. Seule réserve : les regards parfois figés des personnages, qui donnent une impression étrange par moments. En revanche, la manière dont Sakharov vieillit au fil des pages est particulièrement réussie, soulignant avec finesse le poids du temps et des choix.