L'histoire :
Vincent van Gogh naît dans un petit village du Sud de la Hollande, dans une famille aimante mais marquée par un deuil muet : un frère mort un an jour pour jour avant sa naissance. Fils d’un pasteur strict, il grandit isolé, tenu à distance des autres enfants, éduqué à la maison. Sa mère, plus douce, l’initie au regard : celui qu’on pose sur les fleurs, les champs, les choses simples. Très tôt, il change d’école, de ville, de rôle. À chaque étape, il se heurte au rejet, à l’incompréhension. Mais une seule présence reste constante : son frère Théo. Leur lien est profond, tissé de lettres qui traverseront toute sa vie. Vincent évolue dans le monde de l’art sans encore créer. Il cherche sa voie dans l’amour, la foi, l’enseignement. Il échoue. À Londres, à Paris, dans les écoles de théologie, dans les rues du Borinage, où son empathie est telle qu’il se dépouille de tout pour vivre comme les mineurs. Il dort à même le sol, jeûne, donne ses vêtements. Mais même là, on finit par le renvoyer. Épuisé, il reprend la route, à pied. Désorienté, déclassé. Il n’a plus que ses dessins, griffonnés à la hâte, offerts en échange d’un peu de pain, d’un lit pour la nuit. Et c’est là, au creux de cet effacement, qu’une autre histoire commence à se dessiner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde connait les œuvres de Van Gogh. Même les moins érudits ont en tête l’image d’un bleu profond traversé de spirales lumineuses, ou celle d’un mobilier rustique et bancal, figé dans la chambre bleue qui évoque son nom. Vincent Van Gogh demeure une figure emblématique de l’art européen : ses tableaux, ses tourments, ses correspondances avec son frère Théo sont largement connus. Mais son enfance reste moins célèbre. Sergio Salma, auteur reconnu dans le 9ème art, notamment pour ses séries jeunesse, s’attaque à nouveau au biopic, après celui consacré à Gérard Depardieu en 2014 et Pays Noir en 2022, qui explore la mémoire ouvrière. Après un patient travail de documentation, il donne vie au jeune Vincent, enfant hypersensible, épris de nature, soumis aux attentes d’autrui, scrupuleux et anxieux. Sa vie fut jalonnée de nombreuses déceptions et échecs. Sans jamais la nommer explicitement, on devine la dépression qui le ronge. L’auteur parvient à retracer chronologiquement les étapes fondatrices de son parcours, celles qui ont façonné l’artiste qu’il est devenu. Il dévoile les difficultés qu’il dut affronter, les souffrances accumulées dans un enchaînement de situations parfois inextricables, malgré sa volonté farouche. Ce récit n’a rien d’une lecture légère : il serre la gorge, suscite l’empathie et le désir de venir en aide à ce jeune homme, tout comme son frère Théo le fit. La construction chronologique du récit gagne en profondeur, car le lecteur est invité à vivre ces étapes aux côtés de Vincent, à ressentir l’intensité de sa douleur psychique. Sans révolutionner le genre, ce biopic se révèle néanmoins touchant, d’une grande sensibilité, et porté par une écriture et une mise en image justes et émouvantes.
