L'histoire :
Le jeune Henri Vaillant est breton. Et donc têtu ! Ce qui le pousse à tout plaquer pour partir vers l'Alsace à l’âge de 16 ans. Passionné d’automobile et de mécanique depuis son plus jeune âge, il a la ferme intention de se faire embaucher par la célèbre firme Bugatti. Arrivé à la gare de Molsheim, Henri se rend donc à pied vers les usines Bugatti. Arrivé sur place, c’est la douche froide. Il n’y a aucun poste de vacant pour un jeune homme comme lui. Mais il insiste, il a quand même traversé la France avec ses dernières économies pour venir chez Bugatti ! Au même moment, un homme arrive à l’usine sur son vélo et devant l’engouement d’Henri pour l’automobile, il décide de l’embaucher. Cet homme c’est Etorre Bugatti. Le patron de la firme, lui-même ! Henri a réussi son pari. Neuf ans plus tard, Vaillant est toujours chez Bugatti et travaille sur de nombreux projets au-delà de l’automobile avec son équipe de mécanos, dont un projet d’automotrice pour le compte de la compagnie de chemin de fer de l’État. La tâche est ardue, mais l’homme se donne à fond dans le projet. Mais Henri a un autre rêve. Celui de quitter son job de mécanicien pour devenir pilote, ou même fonder sa propre entreprise ! Malgré son ambition, ses amours au beau fixe et la naissance de ses fils Jean-Pierre et Michel, le jeune homme devra toutefois composer avec la menace du nazisme, qui gronde dans toute l'Europe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Henri Vaillant, le père de Michel, n’a jamais eu vocation à devenir un héros de papier. Pourtant, ce préquel de Marc Bourgne choisit de braquer les projecteurs sur cet homme que la saga mentionnait surtout en filigrane. Dès les premières pages, on découvre un personnage qui avance comme il peut, mû par une volonté brute, sans chercher à composer avec les attentes des autres. Bourgne a fait le choix de ne pas s’enfoncer dans une romantisation excessive, mais le récit prend parfois une tournure plus intime qu’attendue quand on découvre un portrait familial où les tensions existent. L’histoire montre un homme pris en étau entre ses choix, ses renoncements et les dégâts collatéraux qu’il traîne derrière lui. Mais le rôle de sa femme donne aussi au récit une assise émotionnelle, avec sa présence discrète mais essentielle, qui structure silencieusement l’itinéraire du patriarche de la dynastie Vaillante. Visuellement, le lavis de gris de Claudio Stassi apporte une profondeur inattendue. Il installe un climat feutré, presque mélancolique, où chaque scène semble porter la mémoire d’un monde encore fragile. L’arrivée tardive de la couleur crée une rupture subtile, comme si la légende de l’écurie Vaillante commençait enfin à prendre forme par une lente maturation… Au final, Henri Vaillant n’est pas une simple pièce ajoutée au puzzle : c’est le contrechamp humain d’une saga trop souvent perçue à travers Michel Vaillant. Cette BD qui regarde dans le rétroviseur pour comprendre ce qui, plus tard, fera avancer tout le reste.