L'histoire :
Maquilleuse professionnelle pour le cinéma et la télévision, Nina met du beurre dans les épinards en étant aussi influenceuse sur les réseaux sociaux sous le pseudo NinaMakeUp. A travers ce second job, elle connait son petit succès et reçoit ainsi, quasiment chaque jour, des tas de colis de la part des grandes firmes cosmétiques, pour qu’elle teste en live « facecam » ses séances de maquillage à partir de leurs produits. Nina s’est petit à petit professionnalisée et dispose désormais, chez elle, dans le studio en duplex où elle vit seule, de tout le matériel nécessaire pour fidéliser des dizaines de milliers d’auditrices régulières. Sa petite notoriété lui vaut parfois d’être reconnue dans la rue et de devoir satisfaire au bon plaisir des selfies. Mais aussi, il y a un type bizarre en capuche, un peu flippant, qui reste planté la majeure partie de son temps sous sa fenêtre, à la filmer avec son smartphone ou la regarder. Nina a déjà fait des mains courantes au sujet de ce « stalker », mais tant qu’il reste calme et impavide sur la voie publique, les autorités ne peuvent rien faire. Ce jour-là, après avoir reçu ses colis et filmé sa séance quotidienne, son agent l’appelle en visio pour un tournage ciné le lendemain. Ça n’était pas prévu, il faut qu’elle lise bien le brief et qu’elle ne discute pas trop, sinon elle sera immédiatement remplacée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous ce titre à contre-emploi, s’agissant de maquillage féminin, l’autrice Lisa Blumen brosse le portrait acide de la « profession » d’influenceur et fait une dénonciation magistrale des effets pervers des réseaux sociaux. D’emblée, on est présenté à l’héroïne Nina qui a parfaitement réussi son projet : elle est une influenceuse reconnue et très suivie dans le milieu du maquillage, comme peuvent l’être les authentiques Sananas, Shera Kerienski ou Lisa Bpro. Or son succès d’audience s’accompagne aussi de contreparties pesantes et angoissantes. Car s’il n’est pas forcément désagréable qu’on la reconnaisse dans la rue et qu’on lui demande des selfies, ça l’est déjà un peu plus qu’on lui manque de respect, qu’on la harcelle ou qu’elle ne puisse plus rien faire dans l’anonymat. Le diktat de la publication régulière commence également à lui peser et le mépris médiocre, que lui vouent les gens de sa profession, ne lui remonte guère le moral. La chronique sociale de Blumen prend le temps de la démonstration, sur une forte pagination, au sein d’un découpage subtil (de simples traits remplaçant les traditionnelles gouttières BD), qui confine in fine minutieusement au thriller. En revanche, bien que très sérieusement exécutée selon une griffe semi-réaliste, la partition graphique a tendance à vite agacer en raison de sa saturation dans les teintes rose / pêche / crème.
 
             
    
 
             
     
                             
                                 
                            