L'histoire :
En février 1851, une caravane de colons emmenés par un révérend de « l’Eglise de Jésus Christ des saints des derniers jours » fait halte dans une bourgade isolée de l’Ouest aride américain. Après une dernière prière en commun, ils reprennent leur route vers l’embouchure du Colorado en prenant le risque de passer par le Sud. Le péril est grand car les indiens apaches se sont montrés agressifs ces derniers temps. Mais les conditions climatiques et le territoire désertique poussent à prendre la route la plus courte. Or un soir, des guerriers indiens apparaissent à l’horizon. Dans un premier temps, ils s’approchent et prennent contact, notamment pour dealer de la nourriture. Mais les colons refusent, ils ont tout juste de quoi assurer leur subsistance pour la traversée. Quant les indiens reviennent, ce n’est plus vraiment pour du troc ou des pourparlers. Ils attaquent férocement le convoi. Les chariots se mettent en cercle, les colons se défendent… mais les indiens sont plus nombreux. C’est un massacre. Deux fillettes, Olive et Mary-Ann Oatman assistent à l’assassinat sauvage de leur famille et de l’ensemble de la congrégation. A leur surprise, elles seront les seules épargnées, puis réduites en esclavage au sein de la tribu des apaches…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’aventure de « Blue Tattoo » est une histoire vraie. Celle qu’on a ainsi nommée, en raison des tatouages que lui ont dessinés la tribu des mohaves sur le menton, se nommait Olive Oatman et a vécu de 1838 à 1903. Sa photo est proposée en toute fin d'album. C’est son étonnante destinée que retrace Rodolphe en BD, sous les jolis crayons réalistes et les couleurs directes de Pierre-Emmanuel Dequest. Arrachée enfant à sa famille décimée par des guerriers apaches, elle a vécu quelques années d’enfer parmi ces indiens. Puis elle a changé de culture en passant dans la tribu des mohaves, pour quelques années beaucoup plus heureuses… avant de retourner à la civilisation des blancs et de parcourir les USA pour témoigner de ce destin. Sans doute Rodolphe n’insiste-t-il pas assez sur le rôle qu’elle a alors joué dans la propagande anti-indienne et le poids du génocide en cours. Détournés, exagérés, mis en scène, ses témoignages lui ont posé un véritable cas de conscience, étant donné les larges différences de cultures entre les tribus et ses années de bonheur passées chez les mohaves. Au cours d’une narration comme toujours équilibrée et agréablement dialoguée, Rodolphe adopte initialement une narration alternée sur deux époques, avec un récit en flashback qui finit par rejoindre le récit au présent.