L'histoire :
Martial s’en veut. Il est bourré de remords depuis que son grand père est décédé. Il comptait tellement pour lui et pourtant, il lui a accordé si peu de temps ces deux dernières années… Il s’est fait un devoir de passer à l’appartement de son aïeul. Certainement pas pour récupérer un quelconque héritage – ça, ses cousins s’en sont chargés pour lui. Non, il veut juste respirer cet air d’autrefois. Pourtant, son œil tombe sur une vieille valise cachée sous un lit. Lourd, verrouillé et portant une drôle d’étiquette, l’objet l’intrigue : qui est donc ce Félix Larose domicilié à Magnat l’Étrange ? Martial n’est pourtant pas au bout de ses surprises, car il découvre bientôt un carton rempli de lettres d’amours expédiées par une certaine Georgette, domiciliée à Magnat l’Étrange également. Sa copine vient de le mettre à la porte, plus rien ne le retient : Martial décide de partir à la recherche de ces deux inconnus. Après 8 heures de route, la pancarte du mystérieux village limousin est en vue. Direction : le bar du coin pour un bon café et un interrogatoire du propriétaire pour dénicher ce Larose. Mais le bonhomme est inconnu au bataillon. D’ailleurs, même en passant au complet l’annuaire du département de la Creuse, aucun Félix Larose n’apparait. A l’inverse, Georgette Blizard réside bien dans la commune. Martial décide alors d’aller lui rendre visite, pour qu’elle le mette enfin sur une piste lui permettant de connaitre le lien entre son grand-père et le village…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour directement dissiper le mystère soulevé par la sonorité du titre, précisons que c’est de la bourgade creusoise de Magnat l’Etrange dont il s’agit. Martial, le protagoniste principal de cette intrigue accrocheuse, revêt quant à lui le costume de l’importun. Ainsi, au fil de ce séjour en terre limousine, Simon Hureau tisse un récit à velléité énigmatique, sur fond d’amitiés anciennes, d’amours cachés, d’expériences restées secrètes et de marginal souffre-douleur de ses concitoyens. Aussi, suivant notre jeune parisien venu s’enterrer pour retrouver la trace d’un ami de son aïeul tout juste disparu, ne tarde t-on pas à humer du mystère à tout va : mort subite d’une octogénaire ; ostracisme violent ; loi du silence ; quiproquos ; sans parler des chauves-souris bizarroïdes, des cas de vampirisme ou de rage galopante… l’endroit est un beau nid de curiosités. Du coup, l’habile scénariste sait titiller notre appétit juste ce qu’il faut, distillant les rebondissements avec justesse et profitant d’une palette de protagonistes à propensions excessives pour mener les débats. Sans pour autant déclencher de grosses surprises, le mystère est bouclé avec logique, garnissant nos questions des réponses qui manquaient (parfois peut-être avec un brin de facilité...). Au-delà du fil rouge énigmatique, principal moteur du récit, l’ensemble se teinte de tendresse et de nostalgie, à travers le rapport respectueux entretenu continuellement par Martial, à l’égard du passé. Le dessin en noir et blanc agréablement « lavé » est quant à lui des plus séduisants, même si l’on regrette que les planches manquent peut-être un peu, de respirations.