L'histoire :
- Fatigué, mais ça va : Carlos arrive à l’aéroport. En attendant son avion pour Tallin, il va prendre un café crème. Il se remémore les derniers jours avant son départ. Le coup de fil inattendu pendant son travail au magasin de fringues, puis la surprise de voir ses amis chez lui pour fêter son anniversaire. Son ami Diego lui a préparé cette petite soirée avec tous ses amis. Myriam, sa meilleur amie, est là. Et c’est à elle qu'il va dire en premier son départ pour un nouveau boulot en Estonie…
- Brillance compacte : Une femme de ménage discute avec sa collègue à propos de son fils David qui est au chômage. Elle lui demande s'il a réussi à trouver quelque chose. La voilà enjouée car son fils doit passer un entretien prochainement pour la compagnie du gaz. David se trouve au café avec son grand-père handicapé dont il s’occupe. Il se rend à son entretien comme prévu, mais sur place, il aperçoit déjà beaucoup de monde qui attend dans la rue. Une femme le reçoit et lui donne un numéro d’attente…
- Un obstacle sur le chemin : Sara Beltran travaille comme télé-opératrice pour la compagnie d’assurance Rigby. Un travail répétitif qui ne lui plait guère. Sa responsable la convoque d’ailleurs dans son bureau afin de lui faire remarquer que, suite à une inspection surprise, ils ont trouvé que les prestations téléphoniques laissaient à désirer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette chronique sociale en trois parties, Nadar expose le quotidien de vie de trois jeunes espagnols. Il raconte la tranche de vie de Carlos, ingénieur, contraint de partir en Estonie pour exercer son métier ; de David, sans emploi, qui, par nécessité, devient gigolo ; et de Sara, télé-opératrice peu épanouie dans son travail et dans sa vie personnelle. On plonge ici directement au cœur de la crise économique espagnole, au sein de laquelle toute une génération est sacrifiée, exploitée et incapable de développer le même niveau de vie que ses parents. Ces trois récits indépendants les uns des autres montrent avant tout les difficultés du travail, de se construire une situation de vie acceptable et de s’épanouir dans sa vie personnelle. Mais aussi les divers biais pour s'en sortir et d'en tirer profit, malgré tout. Cette génération subit la crise économique de plein fouet, ainsi qu'un déclassement de niveau de vie, avec des séquelles psychologiques. Nadar montre cependant que rien n’est perdu, que la solution pour s’en sortir passe par des sacrifices et des efforts. Il s’appuie sur un dessin semi-réaliste avec des traits de personnages caricaturaux. Les mises en scènes manquent parfois de fluidité, mais l’ensemble définit assez bien le quotidien de ces espagnols. L'album comprend une postface de Philippe Lemistre, sociologue et économiste, qui revient sur divers aspects de ces trois récits.