L'histoire :
Le 11 novembre 1956, à Vincennes, Alexandre Tikhomiroff est incorporé dans les forces armées françaises, avec une affectation pour la guerre d’Algérie. Ils sont des milliers comme lui, transportés à la gare de Lyon afin de prendre le train pour Marseille. Puis c’est l’embarquement à bord d’un bateau, direction Alger la Blanche. Pour Alexandre, c’est le début du cauchemar. Une fois sur place, lui et les autres appelés sont envoyés dans la petite ville de Cherchell. Ils sont pris en charge pour l’habillage. Le jeune soldat Tikhomiroff se trouve de garde pour l’école militaire et ses dépendances. Il découvre alors un autre point de vue sur la ville de Cherchell, celui depuis un mirador. Les jours passent, il enchaîne les gardes, de jour comme de nuit. Petit à petit, il prend ses marques et apprend les méthodes qui vont lui permettre de surmonter cela. Ainsi, il se porte volontaire pour faire la plonge au mess des officiers, récupérant au passage un bon repas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sa première bande dessinée, Gaétan Nocq adapte le récit d’Alexandre Tikhomiroff, un témoignage de sa mobilisation lors de la guerre d’Algérie. A travers ce récit, est donc narrée une vision authentique de cette période trouble et tendue pour la France et l'Algérie. L’auteur utilise un dessin au crayon et au fusain, proche du carnet de voyage, pour mettre en scène le personnage d’Alexandre au cœur du conflit. Ce dessin un peu abrupt au premier abord, rigide et sombre, colle finalement parfaitement avec l'âpreté de la période. Certaines cases font penser à des illustrations de cartes postales représentant des lieux ou des paysages typiques. L’auteur partage le récit en quatre parties, présentant chacune une phase différente de son témoignage. Tout d’abord, l'arrivé en Algérie avec l’armée française. Puis le conflit en lui-même, son quotidien et la dure réalité du terrain. Malgré la dureté de l’endroit, Alexandre parvient à trouver sa place en tant que soldat. Il termine son histoire avec son retour à Paris et son engagement, difficile lui aussi, dans un mouvement pour la paix. Il montre enfin l’ambiguïté de certains comportements humains confrontés à l'autorité ou à des évènements difficiles. Ce récit met en lumière une période sombre et dramatique de la France, qui est encore abordée aujourd'hui avec des pincettes, mais qui touche moult générations dans de nombreuses familles algériennes et françaises.