L'histoire :
En 480 après JC, deux voyageurs font halte dans une auberge des Pyrénées. Attius, ancien légionnaire romain à moitié borgne, est accompagné de son « fils » Jian, qui s’avère un fabuleux bretteur avec son sabre. Ils cherchent du boulot, en tant qu’hommes d’armes ou gardes du corps… et les clients qui se moquent de leur étrange duo le regrettent aussitôt. Un jeune homme prénommé Johann remarque alors leurs talents pour le combat et leur propose de rencontrer son père, Arbogast, chef des bergers du coin. Car une mystérieuse bête assassine des collègues depuis quelques semaines… et il espère que ce n’est pas un « drac ». Jian et Attius acceptent, pour une semaine. On leur offre le gîte. Jian et Johann ont à peu près le même âge et s’entendent d’emblée très bien. Ils s’entraînent ensemble au combat, tandis qu’Attius sympathise avec un pisteur prénommé Léandre. Le soir venu, avant de se coucher, Attius et Jian font une prière, car ils sont catholiques. Le lendemain, alors qu'ils sont sur le terrain pour tenter de relever des indices, Johann arrive au triple galop pour demander leur aide : 7 enfants confiés à la ferme de Savignan ont été enlevés durant la nuit, dont le fils de Léandre. Ils s'empressent de rejoindre la ferme, pour constater la dévastation...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après leur excellent western Stern, qui a légèrement souffert d’une surpopulation de croque-morts dans le genre, les frères Maffre revisitent chez le Lombard le registre des héros martiaux, dont est friand le cinéma asiatique. Mais plutôt que de mettre en scène un énième rônin (samurai sans maître) qui cherche à vendre ses talents de combattant à un seigneur, Frédéric et Julien Maffre campent leur aventure à la période la plus floue de l’Histoire : la chute de l’empire romain et les conquêtes barbares. Et au sein d’une communauté improbable, tout à fait occidentale : les bergers des Pyrénées ! Le duo de héros est ainsi incarné par un jeune combattant androgyne, aux capacités quasi surnaturelles pour le combat au sabre, et son « père », un ancien légionnaire romain borgne. Ils doivent résoudre une affaire de meurtres mystérieux, qui débute comme la bête du Gévaudan, mais se poursuit plutôt comme Princesse Mononoké, avec l’apparition d’une créature démoniaque digne des yokai japonais. Le groupe de guerriers se confronte donc à des créatures fantastiques à grand renfort de sorcellerie et de combats virevoltants, dans le décor austère des montagnes pyrénéennes. Et même si ce pitch peut paraître hétéroclite, les talents de scénariste et de storyboarder des frères Maffre rendent l’ensemble plutôt efficace et en tout cas très original. Ludovica Ceregatti fignole le dessin avec un chara-design bien en place et Denis Béchu colorise savamment. Cette époque de bascule entre les croyances ancestrales – dont le polythéisme romain – et l’avènement du christianisme, n’est pas si incongrue pour une telle aventure martiale aux confins du fantastique et au tout début du haut-moyen-âge. La série a l’ambition de continuer quelques tomes… et pourquoi pas s’installer au long cours ?