parution 17 juin 2021  éditeur Les arènes  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Education / Historique / Policier / Thriller

Crépuscule des pères

Un homme qui se bat pour la garde alternée de sa fille, découvre un ancien fait divers issus de sa situation : le forcené de Cestac. Récit d’un même combat, à deux époques, évocateur d’un problème de société récurrent.


Crépuscule des pères, bd chez Les arènes de Cojo, Revel
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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©Les arènes édition 2021

L'histoire :

En janvier 2016, Thomas Cessac se rend à un énième rendez-vous avec son avocate, qui instruit son dossier pour la garde partagée de sa fille, Lise. En effet, lors du jugement du divorce, comme c’est souvent le cas, la garde a été confiée à la mère. Et depuis lors, celle-ci fait son maximum pour réduire les contacts entre Lise et son père, y compris par SMS interposés. Cette séparation ravage Thomas, qui se met à faire des recherches sur le sujet. Il découvre alors par hasard que près de 50 ans plus tôt, à quelques kilomètres de chez lui, s’est déroulé le « drame de Cestac », issu d’un problème similaire au sien. A l’époque, un agriculteur sans problème appelé André Fourquet s’était retranché chez lui avec deux de ses enfants, pendant plus de deux semaines. Il exigeait que son ex-femme se déplace pour accepter la garde partagée de ses enfants, Aline et Francis (respectivement âgés de 13 et 11 ans), qui voulaient de leur bon gré rester avec lui. Et il tirait à la carabine sur les forces de l’ordre qui approchaient et cherchaient à calmer la situation. Les médias s’étaient emparés de l’affaire et des journalistes étaient même parvenus à l’interviewer, chez lui, avec ses enfants. L’affaire avait pris un tournant tragique dès lors que Fourquet avait abattu un gendarme, Jean-Lucien Carratala, qui se trouvait à 150 mètres de la maison…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Aujourd’hui, en bande dessinée, on peut creuser profondément tous les sujets, y compris les plus intimes et complexes. Cet épais roman graphique focalise ainsi sur la question de la garde partagée des enfants, corollaire coutumier d’un divorce conflictuel. Comme le résume une phrase de conclusion, « aujourd’hui en France, la résidence principale fixée chez la mère concerne 73,5% des enfants », ce qui engendre des milliers de conflits psychologiquement douloureux, voire traumatiques – et ce qui nourrit bien des avocats. Le scénario de Renaud Cojo met prioritairement en scène, de nos jours, le cas désespéré d’un homme qui se bat au sein d’un système juridico-psychologico-familial qui lui est défavorable, pour revoir équitablement sa fille. Ce faisant, il s’intéresse à une affaire criminelle vieille de 50 ans, à laquelle il s’identifie : le « forcené de Cestac ». L’affaire a été suffisamment traumatisante dans la France des années 60 pour mériter une page Wikipedia très détaillée. En février 69, André Fourquet se donnait la mort après avoir tué deux de ses enfants, à coups de fusil, après s’être retranché avec eux dans sa ferme pendant 15 jours. Peu à peu, le récit au présent de Thomas Cessac s’entrecoupe en flashbacks du cas Fourquet, jusqu’à ce que celui-ci phagocyte totalement la narration et l’attention du lecteur. La fin tourne même à la chronique médiatico-juridique illustrée, avec l’interview d’un journaliste retranscrite quasiment telle quelle. On entendrait presque la voix de Pierre Bellemarre, Christophe Hondelatte ou Fabrice Drouelle ! Au dessin, Sandrine Revel n’a pas eu la tâche facile. L’entremêlement des époques lui a imposé l’alternance de styles graphiques, bien marqués. A l’époque Fourquet, les cases ont les coins ronds, pas de bordure de case, une colorisation terne, grise et bichromique, le dessin lui-même se la joue floue et charbonneux, notamment pour les décors. A l’époque contemporaine, dessin et découpage sont plus précis et colorés – classiques, en somme. Cela dit, avec un effort de synthèse, Cojo aurait assurément pu s’éviter bien des longueurs, sans pour autant trahir les faits. Par la résurgence évocatrice de ce tragique fait divers, son histoire illustre admirablement le sujet.

voir la fiche officielle ISBN 9791037502209