L'histoire :
« Un monde se met en place, qui serait le revers d'un quotidien malade blessé, rendu irrespirable par la force destructrice du sale travail des hommes. Ce revers n'est pas une utopie, il est une réalité inversée. Les choses, les bêtes, les arbres parlent pour ceux qui savent les entendre et c'est notre propre défaillance qui les rend muets. »
Des ondes, des pensées ou des vibrations baignent l'atmosphère, vont d'un individu à l'autre, en permanence, dans l'invisibilité et le silence. Induisent le chimiotactisme chez les uns et les autres, sur la matière également et délurent les esprits dans le but de les éveiller à l'Amour, pour peu que l'on se donne la chance d'entendre l'activité silencieuse et de sentir l'invisible. Fulminer, c'est lancer la foudre qui détruit l'autre et l'on entrevoit que la seule réponse sensée à tout cet espace quantique est l'Amour. La route est encore longue, mais en même temps, elle est le but.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lovni invasion voyage sur mars vu à travers l’herbe, voilà le titre exhaustif et énigmatique, qui s'accompagnera d’Electric Lady land de Jimi Hendrix pour une immersion totale. Cet ouvrage totalement déroutant dans sa forme est une bible des temps modernes. Son message se révèlera limpide à celui ou celle qui dépassera le hic initial de la forme et dirigera toute son attention à décrypter les phrases et définitions écrites sans espaces entre les mots, forçant une lecture attentive et concentrée. Le rouge sanguin martien palpite, à chaque page, à chaque dessin, à chaque mot, l'ivresse gagne. Le gribouillis est en fait de l'énergie perturbée, le trait de marqueur enrobe un corps d'athlète finement ciselé d'ombres et de vide. Un martien des années 50 avec son scaphandre super démodé ensemence Ev… Quelle expérience particulière ! On touche au mystique instantané, au chamanisme sans substance hallucinogène autre que cette technique de dessin monochrome avec calque. Ceci est une parenthèse divino-cosmique dans le métro boulot dodo conso qui nous entoure. Jean Luc Favero, dessinateur et sculpteur tarnais, évoque le monde occidental de la pseudo-réalité à travers Ad et Ev et la Ménagerie. Il dénonce la consommation Ikéa et la norme, qui formatent un sentiment de sécurité faussé et induit l'inversion du sens naturel de la vie. Aujourd'hui, l'homme s'adapte à l'outil, Darwin se retourne dans sa tombe. Le monde marche sur la tête. Qu'est-ce qui reste? Le suicide ou l'espoir. Il opte pour la seconde possibilité et lance une invasion de LOVNIS, merchabbas issues de l'Amour, vaisseaux à envoyage en l'air qui touchent les individus et transportent le monde réel dans un monde de tolérance et de non-agression, seule alternative sensée au marasme social et consumériste imposé par le système. Parce que tout est lié, c'est un fait, et qu'une fois cette réalité entrevue, avec un peu de chance et de bon sens, on devient un meilleur humain. Et si on additionne un meilleur humain, à un meilleur humain, à un meilleur humain, à un meilleur humain… on aboutit à l'Amour. Evidemment, la démarche se rapproche ici plus de l’introspection philosophique et de l’art contemporain que d’une bande dessinée stricto-sensu… et l’accès n’est pas du tout grand public. Reste tout de même une lecture diablement intéressante pour les plus courageux…
